Johanne Berry a fondé l'entreprise de placement et de recrutement Télé-Ressources. Depuis 1985, 100 000 employés et employeurs ont profité des conseils et du savoir-faire de cette patronne exigeante et disciplinée. Portrait d'une visionnaire qui avait la bosse des affaires dès l'école primaire.

Depuis un quart de siècle, l'entreprise fondée et dirigée par Johanne Berry, Télé-Ressources, établit des liens entre employeurs et employés. Chacun y trouve son compte: pour l'un, c'est le bon candidat; pour l'autre, c'est le travail rêvé. De bons conseils, divers services, une préoccupation constante d'efficacité sont pour Johanne Berry des éléments qui ont assuré le succès de son entreprise de placement et de recrutement. L'Association nationale des entreprises en recrutement et placement de personnel lui a remis il y a quelques jours son Prix d'excellence. Pour son leadership et sa détermination, La Presse et Radio-Canada la nomment Personnalité de la semaine.

 

Des valeurs humaines

Le coeur et l'esprit de son entreprise reflètent en tout point ce en quoi elle croit. «Pour réussir, on doit absolument avoir une certaine force de caractère et beaucoup de discipline.» Si 100 000 personnes, depuis 1985, ont pu profiter de sa compétence acquise sur le terrain, si elle a su prospérer dans un domaine éminemment concurrentiel, c'est grâce sans doute à un esprit visionnaire. «Il faut surtout bien comprendre nos clients», assure-t-elle.

Elle fait remarquer que l'un des grands défis récents de toute entreprise a été de s'adapter aux énormes changements technologiques. Le Web 2.0 Télé-Ressources a notamment permis de faire face à une concurrence énorme: il existe 500 agences de placement à Montréal seulement. Johanne Berry a su s'entourer de nouvelles générations d'hommes et de femmes qui «ne font pas nécessairement les choses à notre manière (elle a 54 ans) mais qui le font mieux, peut-être. Chaque génération a ses propres valeurs». Il y a actuellement 35 employés à l'interne et 800 employés à l'externe. La moyenne d'âge est de 33 ans.

«J'ai appris à déléguer, dit-elle, en ajoutant du même souffle que, même en pays étranger, elle n'est jamais bien loin du bureau... Mais faire confiance, c'est important.»

Elle ne supporte pas la paresse. Elle exige l'honnêteté. «Nos employés adhèrent à nos valeurs et parlent le même langage.» Elle est une patronne exigeante, dure à certains moments, reconnaît-elle, mais juste.

Au cours des années, elle a acquis une grande écoute qui lui permet de saisir les attentes, les besoins, d'établir des stratégies, d'apporter des idées, des solutions. «Ce sont là les plaisirs gratifiants de l'entrepreneuriat.»

Le sens des affaires

Le travail est source d'équilibre dans la vie si on l'exerce au bon endroit. «Les jeunes ont de plus en plus besoin de direction. Et reprendre sa vie en main pour obtenir l'autonomie financière se fait plus aisément avec de l'aide.» Elle ne cache pas que, en 25 ans, il y a eu des moments particulièrement difficiles où elle a dû tenir fermement le gouvernail.

Elle a toujours eu une énergie considérable («je la tiens de ma mère», dit-elle) et l'esprit d'entreprise. À 5 ans, près de la demeure de ses parents, à Venise-en-Québec, elle vendait du Kool-Aid pour quelques sous. Fascinée par l'argent du Monopoly, elle troquait ses poupées contre de l'argent. Pour les reprendre, elle négociait. Son père, lui-même entrepreneur, observait la seule fille de sa famille, la cadette en plus, avec étonnement. «Il voulait surtout que j'aille à l'école.»

L'école ne lui plaisait pas: «C'était trop lent!» Voilà pourquoi, en dépit de son rêve d'enfant de devenir avocate, elle a bifurqué et pris quelques chemins de traverse.

À la fin de l'adolescence, elle est secrétaire à Bell Canada. Ensuite, elle entre au Comité d'organisation des Jeux olympiques (COJO), une expérience extraordinaire pour elle. Un peu plus tard, elle tient une boutique de vêtements exclusifs dans le garage de ses parents. À 23 ans, elle est recrutée par une firme de placement. «Au bout de huit mois, je voulais la diriger! On m'a tout de même donné la direction d'un service.» Finalement, à 29 ans, ne pouvant échapper à ce qui la tenaillait, elle décide de se lancer en affaires. «J'avais trouvé ma voie.»

Et lentement, obstinément, elle a surmonté tous les obstacles que connaissent la plupart des entrepreneurs qui se lancent.

«Je dis souvent: je n'ai qu'un seul partenaire, c'est Dieu.»

Elle est croyante, se nourrit de lectures spirituelles. Plus prosaïquement, elle adore la danse et tout ce qui a trait aux arts en général. Elle est en admiration devant certains artistes, notamment au théâtre. Elle n'hésite pas à se rendre à New York pour un spectacle à Broadway, ou à Shanghai pour la première du film André Mathieu, l'enfant prodige.

La vie, pour celle qui a fondé et mené son entreprise en lui donnant tout son temps, a maintenant un goût de miel: «Pour maintenir le plaisir, je dois maintenant tenter de me faire passer, moi, en premier.»