Ils ont Montréal dans le coeur. Une affection et un engagement qui durent depuis sept générations. En plus d'être de grands passionnés de hockey, les frères Molson participent activement à l'essor de la ville en misant sur son avenir et sur sa richesse culturelle.

Pour la famille Molson, dont les racines québécoises remontent à l'arrivée de John Molson, en 1782, le dynamisme de la ville doit être fait de vision, d'entrepreneuriat, et Montréal doit être appuyée dans son projet d'avenir par des citoyens instruits. Grâce à leur générosité, l'Université Concordia, qui accueille sur l'ensemble de son campus 44 000 étudiants, bénéficie désormais d'un tout nouvel immeuble, situé à l'angle de la rue Guy et du boulevard De Maisonneuve. L'école de gestion John-Molson, où 140 enseignants et 8000 étudiants se côtoient, servira à former les prochaines générations de chefs d'entreprise, de gestionnaires et de professionnels en affaires. L'engagement social des Molson s'étend aussi aux hôpitaux, aux musées. Il ne s'agit pas seulement pour Geoffrey, Andrew et Justin de reprendre possession de l'équipe de hockey du Canadien. Il faut aussi des têtes bien faites formées au sein des quatre universités situées à Montréal.

 

Pour cet engagement dans notre communauté qui ne se dément pas, La Presse et Radio-Canada nomment la famille Molson Personnalité de la semaine.

De la bière

Andrew Molson a accepté de parler au nom des siens. Même si, comme il le souligne, il préfère de loin être dans les coulisses, car il ne cherche pas les honneurs. «Comme quelqu'un l'a dit: notre nom ne devrait être dans les journaux que trois fois: à la naissance, au mariage et... au décès.»

Ses frères et lui sont particulièrement attachés à l'Université Concordia parce que leur père Eric en a été le chancelier jusqu'à sa retraite en 2005. «Nous, ses enfants, on est fiers de lui! Il a adoré son travail! Il a beaucoup aimé côtoyer les étudiants.»

Andrew continue d'assurer une présence sur les lieux en étant membre du conseil d'administration. Il fait également partie du conseil d'administration de Molson Coors, entre autres. «Le nom du nouveau pavillon John-Molson est un clin d'oeil à notre aïeul. Il a fondé la brasserie en 1786. C'est la plus ancienne entreprise du Canada après la Compagnie de la baie d'Hudson. Il a été l'un des premiers entrepreneurs du pays.» Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'orge était cultivée à deux pas de l'entreprise, là où est le pont Jacques-Cartier.

Ce premier de la lignée Molson arrivait de Lincolnshire, en Angleterre. Il importait aussi, par la même occasion, la religion protestante.

Mais revenons à aujourd'hui.

Lorsqu'ils étaient petits, les trois garçons sont allés vivre à Toronto, pour suivre le père de famille. Un exil de trois ans. «Nos parents nous ont inscrits à la Toronto French School. Ils tenaient à ce que l'on soit bilingues. Je me souviens qu'on est rentrés au bercail le jour même où René Lévesque a pris le pouvoir!»

Le rapprochement entre francophones et anglophones est l'un de leurs principes. Ils connaissent bien la langue française, mais aussi la culture et les paysages. La famille possédait des maisons aux quatre coins du Québec: Percé, Saint-Sauveur, Métis-sur-Mer. Et je dois en oublier.

Montréal l'unique

Andrew a étudié le droit à l'Université Laval et est devenu membre du barreau en 1994. «Depuis quelques années, à l'Université Laval, nous accordons des bourses d'immersion francophone à des étudiants anglophones, afin d'encourager des étudiants venant des quatre coins du pays à apprendre le français.»

Certes les nombreux voyages ont formé leur jeunesse. Andrew a également étudié à Londres en gouvernance d'entreprise et en éthique des affaires.

Il y a peu d'endroits dans le monde qu'Andrew ne connaît pas. Et pourtant, si on lui demande de nommer un pays où il se sentirait bien pour y vivre, il répond spontanément: Montréal!

Ils sont citadins dans l'âme, du moins pour deux d'entre eux. Justin n'a pas choisi les affaires brassicoles, pour se consacrer plutôt à son travail d'architecte paysagiste au Vermont. Mais il est bien solidaire des décisions de ses grands frères, notamment en ce qui concerne l'achat du Canadien.

La passion du hockey leur vient de loin. Elle a toujours fait partie du décor et de la vie quotidienne. «Mon idole quand j'étais petit? Pierre Larouche, et dans un autre domaine, Neil Young», souligne Andrew en riant à l'évocation de ce souvenir.

Il croit en Dieu et adore écouter les sermons du prêtre à l'église, des propos qui le réconfortent, qui renforcent ses valeurs, celles qu'il veut transmettre à ses enfants: la nécessité d'une bonne éducation, l'exercice d'un leadership responsable dans l'intérêt de tous. «On essaie de leur donner l'exemple.»

Il ne tient pas à s'appesantir sur les problèmes économiques actuels. «Je suis un optimiste de nature.»

Quant à Montréal, même sans boule de cristal, il affirme: «Si on a envie de faire avancer les choses, je vois beaucoup de bien à venir.»