Vision, audace et persévérance. Trois traits de caractère qui définissent le géant Bombardier et qui lui ont permis, au fil de son histoire, d'aller de l'avant. Son prochain défi? Lancer la CSeries, des avions de plus de 100 places pour les lignes commerciales.

Derrière ce grand projet, qui créera des milliers d'emplois au Québec, il y a deux hommes. Le père et le fils. Le président du conseil et le chef de la direction: Laurent et Pierre Beaudoin.

 

Depuis le petit atelier de Joseph-Armand, à Valcourt, Bombardier a fait des millions de kilomètres sur la neige, sur l'eau, sur les routes, sur les rails et dans les airs.

Aujourd'hui, la multinationale québécoise est présente dans une soixantaine de pays. Elle emploie plus de 60 000 personnes. Son chiffre d'affaires dépasse les 17,5 milliards de dollars américains.

Bien sûr, au-delà de tous ces succès, chaque décennie a apporté son lot de défis à ce fleuron du Québec inc. Mais Bombardier les a toujours relevés avec passion et détermination.

«J'ai toujours été persévérant dans mes décisions et dans mes orientations, dit Laurent Beaudoin, président du conseil. Malgré les hauts et les bas, je n'ai jamais abandonné.»

Défis et occasions

En effet, quand la crise du pétrole de 1973 freine l'ardeur des motoneigistes, Bombardier se diversifie dans les transports en commun. Premier contrat: elle fabrique des wagons pour le métro de Montréal.

Dix ans plus tard, l'entreprise se lance à la conquête du ciel. Parmi ses acquisitions, celle de l'Irlandaise Short s'avère difficile. Mais elle lui assure une présence européenne dans l'industrie aéronautique.

Dans les années 90, Bombardier accélère sa croissance dans le transport sur rails. Cela l'amène à acheter l'allemande Adtranz en 2001. L'intégration est compliquée mais réussie. Bombardier devient le chef de file mondial de la fabrication de matériel de transport sur rails.

Puis survient le 11 septembre... L'entreprise est le troisième avionneur au monde après Boeing et Airbus. Elle fabrique des jets régionaux et des avions d'affaires.

«Je suis arrivé en poste deux semaines après les attentats, rappelle Pierre Beaudoin, président et chef de la direction. Il fallait remettre le groupe aéronautique sur la bonne voie.»

Pour surmonter cette crise du transport aérien, l'entreprise se restructure. Elle vend sa division de produits récréatifs - l'héritage de Joseph-Armand Bombardier - à une firme d'investissement. Les familles Beaudoin et Bombardier restent toutefois actionnaires.

Ce sont des activités que Pierre connaît bien. Il a veillé au lancement de la motomarine en 1988. Et il en a fait un leader mondial.

Il a ensuite piloté la diversification des produits de cette division, avec notamment les véhicules tout-terrain (VTT) et les véhicules de proximité (NEV).

La prochaine étape

Le prochain défi de Bombardier s'appelle la CSeries. Il s'agit d'appareils de 110 à 130 places pour le marché des avions commerciaux de grandes lignes.

Ce projet nécessitera un investissement colossal de 3,3 milliards de dollars. Quelques 470 millions seront avancé par les gouvernements d'Ottawa et de Québec.

«La création d'emplois dépendra du rythme de production, précise Pierre. On parle de plus de 3200 emplois, en moyenne, vers 2015-2017, quand on aura atteint un certain rythme.»

Pour augmenter ses capacités, Bombardier ajoutera une usine d'assemblage à Mirabel.

Tout cela aura aussi des répercussions pour de nombreux sous-traitants québécois.

Pour leur vision, pour leur audace, pour leur persévérance et pour les retombées économiques de cette importante décision d'affaires, La Presse et Radio-Canada nomment Laurent et Pierre Beaudoin Personnalités de la semaine.

Il faut dire qu'avec ce nouvel apport, le Québec consolide sa position dans le monde de l'aviation.

Avec 12 500 des 28 700 employés que compte la division aéronautique, Montréal est déjà la plaque tournante de Bombardier dans ce secteur.

«C'est ici que se trouve l'expertise du groupe, dit Pierre Beaudoin. On y trouve aussi un grand réseau de fournisseurs.»

Où sera Bombardier dans 20 ans?

«On aura grandi dans les domaines où on est présentement, avance Laurent Beaudoin. Il y a un potentiel mondial pour l'aéronautique et les trains. On peut pénétrer davantage dans des marchés comme la Chine, l'Inde et la Russie.»

Pierre Beaudoin est d'accord.

«Tout est à faire dans les pays émergents, dit-il. Ils ont besoin d'infrastructures pour déplacer de grandes quantités de personnes. On est très bien positionné pour faire ça.»

La croissance de Bombardier est loin d'être terminée.

«J'ai hérité de la persévérance de mon père», précise Pierre Beaudoin.