Même s'il estime que le tramway ajouterait «une valeur inestimable» à Montréal, le responsable du dossier au comité exécutif, Réal Ménard, se montre réaliste: sa réalisation ne pourrait se faire avant 2021.

En dévoilant ce matin une étude commandée au coût de 2,3 millions en 2009, qui évalue les investissements nécessaires à un milliard, M. Ménard a tenu à tempérer les attentes. Il l'a fait de façon plutôt poétique, en utilisant l'expression d'«horizon d'espoir» d'ici huit ans.

«On pense qu'on a des arguments forts pour convaincre le gouvernement Marois dans un horizon de moyen terme, a-t-il déclaré en point de presse. Mais aussi enthousiasmante que soit l'ouverture de ce chantier, il ne faut pas oublier que les courbes de l'espoir et des finances publiques de Montréal devront se croiser.»

L'étude commandée à Genivar-Systra s'est intéressée à la faisabilité d'une première ligne de 13 km, qui se rendrait en 32 stations du centre-ville à la rue Jean-Talon, par le chemin de la Côte-des-Neiges. On évalue que 70 000 personnes l'utiliseraient tous les jours, ce qui financerait 88% de ses frais de fonctionnement. Elle permettrait en outre un développement économique qui générerait la construction de 2000 logements et 12 000 emplois directs et indirects. L'augmentation des valeurs foncières dans son giron permettrait à la Ville de percevoir 157 millions en revenus fiscaux.

Sous et fonctionnaires

L'étude a été déposée à la Ville en novembre 2011 et n'a été rendue publique que ce matin, à la demande du chef de Projet Montréal, Richard Bergeron. D'autres études similaires, notamment celle commandée à Pricewaterhouse Coopers en 2010, devraient être dévoilées sous peu. Leur coût totalise 4 millions. Les explications concernant les délais de publication de ces études sont quelque peu nébuleuses.

Pour évaluer pleinement l'impact financier de ce projet, le Service des finances et la Direction des transports ont été mandatés et devraient déposer leur rapport d'ici la fin de l'année.

«Nous voulons analyser toutes les possibilités financières», a expliqué M. Ménard.

À court terme, a-t-il rappelé, son administration de coalition s'est engagée dans d'autres projets, notamment le Service rapide par bus sur Pie-IX et le train de l'Est.

«L'accélérateur au plancher»

Pour Richard Bergeron, les 18 mois qu'il a fallu pour dévoiler l'étude de Génivar-Systra sont symptomatiques du peu d'empressement de l'administration à réaliser le projet de tramway. «Il va falloir se décider à accélérer le processus.Ça nous a pris quatre ans pour le métro de Montréal, alors que c'est beaucoup plus simple de faire un tramway.»

Le chef de Projet Montréal s'engage, s'il est élu, à offrir aux Montréalais un début de réseau dès 2017. «Vous pouvez être sûr qu'on va mettre l'accélérateur au plancher. Ça va être une découverte extraordinaire pour les Montréalais.»

Quant au financement, il ne doute pas que la métropole peut s'offrir ce mode de transport collectif, avec un règlement d'emprunt dont le coût annuel serait de 44 millions par année.

«L'administration Tremblay a levé deux nouvelles taxes, sur le stationnement et l'immatriculation, qui rapportent 58 millions par année. Si on met ces revenus dans un fonds dédié au transport collectif, il nous resterait 14 millions pour faire autre chose.»

Quant au contenu de ce rapport dont il a demandé la divulgation la semaine dernière, il constitue «une grande déception», conclut-il. «Il n'y a pas grand-chose de neuf là-dedans. Je n'ai absolument rien appris.»

D'autres priorités

La chef de l'opposition, Louise Harel, a accueilli avec dérision cet empressement de M. Bergeron, qu'elle surnomme «Monsieur Tramway». «Il voudrait faire un référendum là-dessus. C'est un très beau projet, mais le grand défi, c'est de concilier ce qui est souhaitable et ce qui est réalisable.»

Montréal a besoin de réaliser des projets à plus court terme, estime-t-elle, reprenant la liste de son conseiller Réal Ménard à laquelle elle ajoute le système électrique de transport léger sur rail sur le futur pont Champlain . «Ce sont les priorités des prochaines années.»

Elle a demandé à son tour qu'on divulgue une autre étude, celle qu'aurait commandée la Société de transport de Montréal sur la faisabilité d'un trolley bus sur un segment de la rue Sherbrooke.

Le tramway en chiffres

13,2 km

32 stations

Vitesse : 18 km/h

Achalandage : 26,6 millions de passagers par an

Alimentation : électrique

Coût : 849$ (un milliard avec les contingences et les taxes)

Dont :197 millions pour le système de transport, 160 millions pour les aménagements urbains, 113 millions pour le matériel roulant

Coût d'exploitation : 19,2 millions par année (88% provenant des revenus générés)

Mise en service : 6 ans après le début de l'avant-projet préliminaire