Dans sa croisade pour abolir le règlement P-6, Richard Bergeron a reçu de précieux renforts du parti de Louise Harel, Vision Montréal.

À elles deux, ces formations de l'opposition regroupent 24 des 63 élus du conseil municipal. En point de presse cet après-midi, Mme Harel s'est prononcée contre la nouvelle mouture du règlement P-6, adoptée en mai 2012 dans la foulée du printemps érable.

«Nous avons voté contre ces ajouts, nous voulons revenir au règlement original», a-t-elle expliqué. Depuis 2001, le règlement P-6 a fait la preuve qu'«il peut garantir la sécurité et l'ordre, il n'y a pas besoin d'en avoir plus».

Il règne cependant une certaine confusion autour de ce règlement. Alors que ce sont surtout les amendements adoptés l'an dernier qui suscitent la controverse, notamment l'interdiction du port du masque et l'obligation de fournir un itinéraire, plusieurs demandent l'abolition complète du règlement.

Amendement accepté

La motion déposée par le parti de Richard Bergeron, Projet Montréal, qui sera vraisemblablement débattue demain, demande d'ailleurs «l'abrogation» pure et simple du règlement P-6. «Dans son écriture actuelle, c'est une motion qui est totalement irresponsable, soutient Mme Harel. Ça signifie qu'il n'y aurait plus aucun encadrement.»

L'auteur de la motion, Alex Norris, de Projet Montréal, s'est dit d'accord avec l'amendement proposé par Vision Montréal.

Les deux partis d'opposition ne pourront cependant compter sur les 16 conseillers d'Union Montréal, qui forment toujours le bloc majoritaire malgré les défections des derniers mois. «Ce règlement était un outil supplémentaire pour nos policiers et selon nous, il a été utilisé de façon correcte, affirme le chef du parti, Richard Deschamps. Fournir l'itinéraire, ne pas porter de masque, ce sont des demandes raisonnables.»

En point de presse avant le conseil, le maire Michael Applebaum a réitéré son opposition à tout changement au règlement P-6. «C'est un outil important que la police utilise avec jugement», a-t-il répété.

Il a apporté une nuance importante au vote qui va avoir lieu au conseil municipal: c'est le comité exécutif qui sera appelé à trancher en bout de ligne. «On est dans une situation un peu grise: c'est le comité exécutif qui devra donner son acceptation», a-t-il précisé.

Projet Montréal et Vision Montréal disposent de cinq des 11 sièges de cette instance. Ils ont besoin d'un appui, bien improbable, parmi les quatre indépendants et les deux conseillers d'Union Montréal pour former une majorité.