Le nombre de constats d'infraction traités par la cour municipale de Montréal a bondi de plus de 50% entre les mois de janvier et de février, a appris La Presse. Cela représente une hausse de 20 000 contraventions. Du jamais vu, dénonce l'association SOS Tickets.

«Je ne suis pas surpris de ces chiffres. Il est clair que le nombre de constats d'infraction remis par les policiers est influencé par le budget de la Ville. Les policiers ont des quotas à respecter. Au printemps dernier, les manifestations étudiantes ont forcé une diminution du nombre total de constats émis. Ils sont maintenant en mode récupération», a expliqué Me Éric Lamontagne, avocat en chef de SOS Tickets.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) s'est donné pour objectif d'améliorer le bilan routier, qui demeure stable depuis plusieurs années, tout comme le nombre de constats rédigés. Pour ce faire, une vigilance soutenue des patrouilleurs à la circulation pourrait se traduire par un nombre accru de constats dressés dans les mois à venir.

Selon des documents obtenus par La Presse, le nombre de constats d'infraction traités par la cour municipale de la Ville de Montréal est passé de 40 481 en janvier à 60 168 en février. Cela équivaut à une somme totale récoltée supérieure à 12 millions de dollars.

«Il y a un manque à gagner par rapport à l'an passé. Chez SOS Tickets, particulièrement depuis un mois, les gens viennent nous voir davantage. Ce n'est pas étranger à la hausse des constats d'infraction», a dit Me Lamontagne.

Le SPVM se défend

Cette hypothèse est toutefois rejetée par les hautes instances du SPVM. Selon l'assistant directeur Claude Bussière, il est normal que le nombre de constats traités par la cour municipale soit moins élevé en janvier, en raison de la période des Fêtes et des vacances. Le bond est donc inévitable en février.

«Le nombre de constats émis tous les mois se maintient sensiblement depuis quelques années. Oui, nous avons des objectifs de rendement, que vous nommez des quotas. Le printemps érable a eu un impact sur le nombre de constats émis en 2012, mais c'est totalement faux de dire qu'on est en mode rattrapage», a affirmé M. Bussière.

Le SPVM veut toutefois améliorer le bilan routier. La nouvelle stratégie est d'émettre davantage de constats, «afin de passer le message que la sécurité routière, c'est important».

«La répression, ça fait partie de la prévention aussi. Si vous voyez l'interception d'un véhicule qui n'a pas respecté le code de la sécurité routière, vous allez y penser à deux fois avant d'enfreindre un règlement. Nous, on demande à nos 133 policiers affectés à la sécurité routière de donner un constat à chaque infraction du code observée. Si tu vois quelque chose, tu dois sévir en tout temps», explique M. Bussière.

Une escouade cycliste sur le qui-vive

Le SPVM lancera un projet-pilote ce printemps. Huit des 133 policiers chargés de la sécurité routière feront de la patrouille à vélo, sur l'ensemble du territoire montréalais. Ces policiers devront intercepter les piétons et cyclistes récalcitrants et leur remettre une contravention. Le fait de patrouiller à vélo apportera une proximité avec les citoyens, espère le SPVM, qui permettra une meilleure sensibilisation.

Quant aux piétons qui ne respectent pas les feux de signalisation, ils auront la vie dure ce printemps, particulièrement en mai. Le SPVM met sur pied une campagne de sensibilisation au transport actif. Les marcheurs seront particulièrement surveillés en mai, puis ce sera le tour des cyclistes de juin à août.