La construction d'un nouveau pont sur le Saint-Laurent, en remplacement du pont Champlain, entraînera une augmentation du bruit ambiant et une nette détérioration de la qualité de l'air dans plusieurs secteurs résidentiels du sud-ouest de Montréal, de L'Île-des-Soeurs et de Brossard - et ce, avant, pendant et après les travaux.

Selon une étude environnementale rendue publique mardi, huit quartiers riverains (voir encadré) situés de part et d'autre du pont actuel ont été ciblés comme des «zones sensibles», où la qualité de l'air sera touchée par la poussière et des particules fines, mises en suspension par les activités de chantier.

Le climat sonore sera aussi touché jusqu'à une distance de 300 m des travaux, pendant toutes les phases de la construction et après la mise en service du nouveau pont, prévue pour 2021.

«Les échantillonnages sonores et la modélisation ont montré que plusieurs secteurs verraient leur climat sonore se dégrader en l'absence de mesures antibruit, indique l'étude. La machinerie, le battage des pieux et les autres activités de construction augmenteront le bruit d'une façon ponctuelle, pendant les travaux. La circulation routière sur les nouvelles infrastructures pourrait modifier le climat sonore actuel et entraîner des effets sur la santé humaine.»

L'Île-des-Soeurs

La vie pourrait devenir particulièrement pénible dans L'Île-des-Soeurs, où des bases de chantier permanentes seront installées et où sont prévus d'importants travaux d'infrastructures. Selon les documents de Transports Canada, «les aires de travaux et voies de contournement vont possiblement empiéter sur des terrains privés, en bordure de l'emprise. Il est possible que la vibration associée aux travaux, comme la compaction des sols et le battage de pieux, puisse causer des dommages aux bâtiments et aux infra-structures. Le camionnage pourrait avoir un effet sur la structure des routes.»

«Finalement, poursuit le rapport, le réseau routier du secteur risque d'éprouver des problèmes de propreté des voies de circulation et de congestion, associés aux fermetures de certains tronçons. Considérant le caractère insulaire du quartier de L'Île-des-Soeurs, l'accès à celui-ci en période de travaux pourrait être limité, tant pour la circulation locale que pour les véhicules d'urgence.»

Portes ouvertes

Cette étude environnementale, qui totalise près de 900 pages, a été rendue publique mardi, en prévision d'une deuxième ronde de consultations publiques sur les impacts de ce nouveau pont, dont la construction devrait débuter en 2015 et se poursuivre pendant cinq ans.

Des journées «portes ouvertes» sont prévues dans les trois secteurs les plus touchés par ce projet - à Brossard, sur la Rive-Sud, à L'Île-des-Soeurs et dans l'arrondissement du Sud-Ouest, à Montréal. Des spécialistes de Transports Canada répondront aux questions du public relativement aux impacts appréhendés et aux mesures d'atténuation proposées afin d'en réduire les effets sur la qualité de vie des riverains.

En plus des impacts sur le milieu humain, la construction du nouveau pont laissera une empreinte permanente sur l'environnement et le paysage, de chaque côté du fleuve. Du pont Champlain jusqu'à la rue Atwater, une section fédérale de l'autoroute 15 sera élargie à quatre voies par direction, ce qui rapprochera un peu les infrastructures du milieu bâti, de part et d'autre de l'autoroute.

Les pistes cyclables qui passent sous le pont Champlain de même que la traversée du fleuve à vélo, par l'estacade, seront fermées pour des raisons de sécurité pendant de longues périodes.

Un site archéologique préhistorique qui pourrait contenir des vestiges d'une activité humaine remontant à plusieurs milliers d'années pourrait être définitivement enterré sous une des piles du nouveau pont, du côté de Montréal. Sur la Rive-Sud, un milieu d'humide de 4300 m2, en bordure du fleuve, devrait subir le même sort.