Les manifestations et les coups de gueule n'y ont rien fait: les policiers de Montréal ont perdu leur horaire de trois jours dimanche dernier, une minute après minuit.

Au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on confirme être revenu aux anciens horaires, établis en 1978 et décrits comme «l'enfer» par la Fraternité des policiers. «Nos membres ne sont vraiment pas contents, ils sont très déçus, rapporte Martin Desrochers, porte-parole. On ne baisse pas les bras: la balle est maintenant dans le camp du directeur.» Selon la Ville, cette transition «s'est effectuée sans problème».

L'administration du maire Applebaum avait annoncé depuis plusieurs mois que le projet-pilote prendrait fin le 24 mars. On estimait que ces nouveaux horaires, à l'essai depuis janvier 2012, avaient coûté 2 millions en heures supplémentaires. Essentiellement, les policiers travaillaient 35 jours sur 70 et n'avaient plus à assurer des quarts de nuit en alternance. Selon l'ancien horaire, les policiers travaillaient 21 jours sur 35.

La charge de travail est la même dans les deux cas, plaidait la Fraternité, soit 1638 heures par année. Depuis un mois, les policiers ont multiplié les manifestations et les dénonciations dans les médias. Le 22 février, le maire Michael Applebaum a même allégué qu'il a fait l'objet de menaces; il citait notamment un courriel du président du syndicat, Yves Francoeur, qu'il jugeait intimidant.

En appel

Le samedi 23 mars, la Ville a reçu un précieux coup de pouce: le tribunal d'arbitrage a tranché en sa faveur. Dans une décision de 39 pages, l'arbitre Nathalie Faucher a rejeté la demande de la Fraternité et considéré que la Ville avait le droit d'exiger le retour aux anciens horaires, puisque ce sont eux qui figurent dans la convention collective. Pour que le projet-pilote de la «semaine de trois jours» soit implanté, il aurait fallu que la Ville et la Fraternité s'entendent, ce qui n'était manifestement pas le cas.

La Fraternité a annoncé son intention de porter ce jugement en révision judiciaire. En attendant, sans parler de moyens de pression, on continue d'utiliser des «moyens d'expression», précise M. Desrochers. Un jour sur deux, les policiers porteront les anciennes chemises bleu acier, plutôt que les nouvelles, bleu et noir, utilisées depuis le 5 mars.

À la Ville, on se dit satisfait de ce jugement en arbitrage et disposé à trouver des solutions pour améliorer les conditions de travail des policiers.

«Nous lançons un appel à la Fraternité pour reprendre les négociations dans les plus brefs délais, indique le porte-parole Gonzalo Nunez. Nous voulons trouver une solution satisfaisante et négociée pour les parties impliquées.»