La réouverture probable de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus est une très bonne nouvelle, estime-t-on chez Héritage Montréal et Héritage Canada. Les deux organismes de défense du patrimoine attendront cependant un peu avant de retirer le bâtiment de leurs listes des 10 bâtiments les plus menacés.

«C'est très encourageant, mais on sera plus rassurés quand des actions concrètes auront été prises, souligne Carolyn Quinn, directrice des communications chez Héritage Canada. On a hâte que le diocèse de Montréal nous dise comment ils vont implanter cette décision.»

Dinu Bumbaru, directeur des politiques chez Héritage Montréal, parle pour sa part d'une «évolution spectaculaire» dans le dossier. En effet, l'archevêché a longtemps envisagé de démolir le bâtiment et songeait encore, l'automne dernier, à se départir du grand orgue Casavant qui faisait sa réputation.

Selon M. Bumbaru, cette décision ne doit cependant pas faire oublier que d'autres églises du Québec sont toujours en danger. Sauver un temple est une chose, mais sauver tout un patrimoine en est une autre. «Il faut avoir une vision d'ensemble sur cette problématique», souligne-t-il.

Rappelons que l'archevêché de Montréal a affirmé lundi qu'il voulait restaurer l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, afin de lui rendre sa vocation originale. Construite en 1906, cette église était notamment reconnue pour son orgue symphonique et ses fresques signées T.-X. Renaud.

Depuis la fermeture de l'église, en 2009, un comité de sauvegarde planchait sur un projet visant à transformer les lieux en salle de concert et en complexe culturel. Le comité, inquiet de voir son projet tomber à l'eau à la suite de cette «évolution spectaculaire», a rencontré hier l'archevêque Christian Lépine afin de lui proposer une collaboration.

«On a tenu le fort pendant quatre ans, on ne va pas le lâcher maintenant, indique Carole Poirier, députée d'Hochelaga-Maisonneuve et conseillère spéciale du comité. Elle a qualifié la rencontre de «positive».

«Il y a sûrement moyen de joindre les deux objectifs communs... Le culte n'exclut pas la culture!»

Le diocèse estime le coût des rénovations à 10 millions et celui de l'entretien annuel à 100 000$. Selon des études réalisées par le comité de sauvegarde, la restauration de l'église coûterait plutôt 6 millions et les activités annuelles, 400 000$ - incluant l'entretien et les activités culturelles.

Héritage Montréal et Héritage Canada suivront l'affaire de près. Les deux organismes attendront l'été avant de réévaluer leur liste noire.