La Ville de Montréal est aux prises avec un ralentissement important de ses investissements dans les infrastructures. Elle vient de reporter à cette année la moitié des travaux prévus pour 2012 et estime qu'elle pourrait ne réaliser en 2013 que 30% des chantiers de construction et de réfection de ses routes, trottoirs et autres conduites souterraines, a appris La Presse.

Pour les Montréalais, s'il y a moins de travaux, cela pourrait signifier plus de nids-de-poule dans les rues et plus de fuites d'eau qui aiguiseront leur patience. C'est l'équation que fait une source au coeur du dossier qui a requis l'anonymat. «On risque de frapper un mur parce que le système est lent.»

La semaine dernière, le directeur des Finances de la Ville, Robert Lamontagne, a fait une présentation devant le comité exécutif afin que les budgets d'immobilisations non utilisés en 2012 soient reportés en 2013. Ces investissements à long terme étaient planifiés dans le cadre du programme triennal d'immobilisations (PTI).

Si Montréal ne fait jamais 100% de son PTI, 2012 soulève toutefois une situation hors de l'ordinaire. Montréal n'a dépensé que 52% de ce qui était prévu. En comparaison, rappelons qu'en 2009, année électorale, le taux de réalisation s'est élevé à 67,2%.

M. Lamontagne a déjà annoncé qu'il prévoyait un taux de réalisation «faible» pour 2103. Selon ce qu'a appris

La Presse, ce pourrait être aussi peu que 30% ou dans le meilleur des cas, 40%.

Les sources du problème

Chose certaine, le directeur des Finances estime que le renforcement des contrôles est à l'origine de ce ralentissement qui plaide toutefois en faveur, dit-il, d'une meilleure planification de l'endettement de la Ville.

Le directeur général, Guy Hébert, s'est montré plus tranché. Aux membres du comité exécutif, il a dit que la commission Charbonneau et l'adoption de la loi 1 sur l'intégrité des contrats publics constituaient «un bâton dans les roues» de la Ville.

Dans les officines politiques, tant du côté du maire Michael Applebaum que de celui de la chef de l'opposition officielle, Louise Harel, on pointe plus spécifiquement la nouvelle loi. Or, c'est l'administration montréalaise qui a demandé d'être assujettie à la législation pour les contrats de 100 000$ et plus qu'elle accorde.

Du coup, le gouvernement permet que 25 contrats par mois soient analysés par l'Autorité des marchés financiers (AMF) qui administre le registre des entreprises pouvant faire affaire avec Montréal [et le gouvernement]. Mais cela ne suffit plus, plaide maintenant le maire Applebaum qui a manifesté son impatience face à la lenteur du processus, car les projets s'accumulent et qu'aucune entreprise n'a encore été certifiée.

Il semble même que Montréal soit incapable de respecter ses propres exigences: elle n'a transmis qu'un dossier sur quatre à l'AMF depuis la mi-janvier.

Est-ce à dire que la machine municipale est enrayée, notamment par la réforme des structures mise en place depuis un an? Le directeur général est parti en vacances et n'a donc pas pu expliquer l'état de ses troupes.