Transformer des rues en «vélorues». Voilà ce qui pourrait être la prochaine mesure adoptée par l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal pour apaiser la circulation et favoriser le transport sur deux roues. Le projet, toujours embryonnaire, suscite déjà de vives réactions.

Les élus de l'arrondissement planchent sur un projet de «vélorues» qui consisterait à interdire, dans certaines rues, la circulation automobile, à l'exception de la circulation locale. Ces rues, réservées aux cyclistes, seraient situées aux abords des parcs Sir-Wilfrid-Laurier et La Fontaine, afin de créer un lien cyclable entre ces deux espaces verts et de désengorger les voies cyclables des rues De Brébeuf et Saint-Urbain. Selon des plans qu'a pu consulter le journal Le Plateau, les rues Boyer et de Mentana sont dans la ligne de mire de l'arrondissement. L'avenue du Parc-La Fontaine pourrait également être touchée.

Le maire de l'arrondissement, Luc Ferrandez, a refusé de s'entretenir avec La Presse sur le sujet. «C'est n'est pas un projet ficelé et il souhaite attendre avant d'en parler pour ne pas soulever d'attentes», a justifié son attachée de presse, Catherine Maurice. Elle a toutefois confirmé que le projet, qui a été discuté en conseil d'arrondissement, pourrait voir le jour l'été prochain.

«C'est une idée absolument très intéressante, affirme Simon Carreau, le cycliste derrière le compte Twitter @RoulerMontreal consacré à la pratique du vélo dans la métropole. Les principales pistes qui traversent le Plateau, comme celle de la rue de Brébeuf, sont parmi les plus saturées à Montréal. Il faut plus d'infrastructures, plus d'espace pour les cyclistes. Avec le niveau d'utilisation du vélo à Montréal, on est rendus au point où peinturer une chaussée désignée sur le bitume n'est plus suffisant.»

Selon M. Carreau, ce projet serait assez innovateur. Il s'apparenterait au «vélo-boulevard» de Québec, aménagé dans l'axe de la rue Père-Marquette, entre l'Université Laval et la colline parlementaire.

Grogne des automobilistes

Les «vélorues», si elles sont mises en place, risquent toutefois d'envenimer la grogne de plusieurs automobilistes et commerçants, aux prises depuis deux ans avec l'augmentation du nombre de parcomètres et la prolifération des déviations et des sens uniques dans le quartier.

«Si on enlève Boyer et de Mentana, qui sont parmi les derniers vestiges des rues qui permettent de traverser le Plateau, on va encore compliquer la circulation automobile dans le Plateau Mont-Royal», dénonce Martin Lavigne, propriétaire du magasin de sport Ekkip et porte-parole de l'Association des commerçants et des résidants du Plateau Mont-Royal, un regroupement informel mis sur pied en 2011 pour dénoncer les mesures d'apaisement de la circulation adoptées par l'administration Ferrandez. «C'est sûr que, tôt ou tard, ça va décourager les gens de venir sur le Plateau», craint-il.