Des mensonges, des sarcasmes grossiers, des intrusions non autorisées des mandataires de l'AMT sur la propriété de Pièces d'autos de Montréal-Nord et une mauvaise transmission de l'information ont convaincu le Tribunal administratif du Québec (TAQ) d'accorder à l'entreprise un remboursement de 250 000$ pour ses frais extrajudiciaires dans ce dossier d'expropriation.

Dans leur décision, les juges Jacques Forgues et Mario Bouchard affirment n'avoir eu «aucune hésitation» à créer une exception à la règle de non-remboursement de ces frais, en raison d'un comportement et d'un état d'esprit «qui n'est pas compatible avec celui qui doit animer un corps public dans ses relations avec un citoyen».

Louis Daigneault, un des propriétaires de PAMN, a témoigné qu'il avait participé, au printemps 2007, à une rencontre avec des dirigeants de l'AMT. «Ces gens-là, a dit Louis Daigneault, nous ont montré un plan du stationnement de la partie sud de la voie ferrée, qui existe aujourd'hui. Et ils nous ont répondu qu'aucune évaluation, aucune vue de l'AMT en regard à Pièces d'autos de Montréal-Nord et les terrains» n'avaient été réalisées.

Ce n'est qu'en cours de procès - au 30e jour d'audiences - que certains documents de l'AMT ont finalement été «retrouvés»; on a alors établi que l'AMT avait demandé une évaluation sommaire des coûts d'acquisition de ce terrain dès le début de 2007.

Des courriels échangés entre les hauts dirigeants de l'AMT, «empreints d'humour ou de cynisme, selon ce que l'on veut bien en déduire», ont aussi retenu l'attention du TAQ. Un des courriels a été envoyé par Anne Dumoulin, adjointe du président Joël Gauthier, et adressé à Jean Hardy, directeur du projet, ainsi qu'à deux autres cadres supérieurs de l'AMT, Daniel Toutant et Guy Beauchamp. Elle les informe que M. Daigneault s'est plaint au bureau de la députée locale «que l'AMT ne lui donnait toujours pas de réponse... le filou».

Les juges ont aussi reproché à l'AMT d'avoir trop tardé à déposer une offre d'achat détaillée à PAMN. Ils ont également critiqué le manque de transparence dans le traitement des renseignements, une liquidation désordonnée et dommageable des actifs de PAMN, ainsi qu'une «attitude désinvolte» par rapport aux plaintes répétées de l'entreprise sur le comportement ou les activités de ses mandataires.