Officiellement, l'amphithéâtre devait coûter 42 millions aux Lavallois. Mais en privé, tant la Ville de Laval que le gouvernement du Québec savaient depuis au moins février dernier que les contribuables lavallois paieraient 74 des 120 millions que coûterait la construction de la Place Bell, et que la partie du partenaire privé evenko ne diminuerait pas la facture des contribuables lavallois.

Le cabinet du ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, l'a confirmé hier à La Presse: Québec savait que le montage financier du projet prévoyait une contribution de 74 millions de la Ville de Laval, laquelle ne serait pas diminuée par la partie du privé, contrairement à ce qu'avait annoncé la Ville en février dernier.

«Les citoyens de Laval auraient dû avoir accès aux chiffres dès le départ. Le gouvernement a justement nommé deux vérificateurs pour assurer la transparence», a affirmé Yann Langlais-Plante, attaché de presse du ministre Gaudreault, en poste depuis septembre.

La hausse de la contribution de la Ville de Laval a été dévoilée la semaine dernière, alors que la Ville a versé 73,7 millions à la Cité de la culture et du sport, l'organisme paramunicipal qui gérera la Place Bell.

En février dernier, lors d'une conférence de presse visant à annoncer le choix d'evenko comme gestionnaire, la Ville de Laval avait indiqué que le coût de construction de 120 millions comprenait l'apport du secteur privé (les 32 millions du tandem evenko-Bell). Selon ce scénario, la contribution de Laval aurait été de 42 millions, celle de Québec, de 46 millions et celle d'enveko, de 32 millions, pour un total de 120 millions. La contribution d'evenko réduisait donc, selon ce scénario, la partie supportée par les Lavallois puisque la contribution de 46 millions de Québec est fixe. Or, le montage financier prévoyait plutôt que Laval paierait 74 millions et Québec, 46 millions, pour un total de 120 millions. Evenko ajoutera 12 millions pour augmenter le nombre de loges (de 20 à 40) et améliorer la qualité de la patinoire principale du complexe (10 000 sièges), ce qui fera passer le coût de construction du projet à 132 millions.

Mea-culpa de la Ville de Laval

Sur son site web, la Ville de Laval indiquait jusqu'à lundi dernier: «Le coût de construction du complexe est évalué à 120 millions. Le montage financier inclut la participation du gouvernement du Québec via les programmes existants, de partenaires privés et de la Ville de Laval.» Cette mention a été retirée du site lundi.

«Le montage financier a été mal présenté, dit Gaétan Turbide, directeur général de la Ville de Laval. Il y a eu une erreur et il faut la corriger. Depuis le début, on encourageait les investissements supplémentaires de la part du partenaire privé. J'aurais bien aimé que quelqu'un me dise qu'il pensait amener une équipe de la LNH et mettre 120 millions par-dessus notre 120 millions d'argent public.»

evenko ajoutera 12 millions

Selon le montage financier (qui reste à terminer puisque l'entente Laval-evenko n'est pas officiellement signée), evenko paiera 12 millions en équipements supplémentaires (ce qui fait passer le coût de construction à 132 millions), 20 millions pour le nom de la Place Bell, en plus d'un loyer et des redevances qui ne seront dévoilés qu'après la signature du contrat. La Cité se servira des droits pour le nom du complexe, du loyer et des redevances pour payer l'entretien et les coûts de fonctionnement du complexe durant 20 ans.

L'ex-ministre des Affaires municipales Laurent Lessard, en poste au moment du choix d'evenko comme gestionnaire de l'amphithéâtre de Laval, en février 2012, n'a pas voulu commenter le dossier, hier. Evenko et Bell nous ont dirigés vers la Ville de Laval, responsable du montage financier. La semaine dernière, le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, a dit avoir demandé aux deux vérificateurs affectés à Laval depuis la mi-novembre de se pencher immédiatement sur le dossier de la future Place Bell et de lui faire un rapport dès cette semaine.

Le ministre Gaudreault a insisté sur l'«urgence d'agir» et le «droit de questionner et de se questionner sur ce projet».