Il y aura un nouveau pont sur le Saint-Laurent entre Montréal et la Rive-Sud d'ici à 2021, si tout va bien, pour remplacer le pont Champlain qui tombe en ruine. On le sait déjà. Mais on n'en sait pas beaucoup plus sur ce futur lien, qui sera pourtant l'un des grands chantiers les plus déterminants pour l'avenir de la métropole.

On sait où il sera construit - à 10 mètres à côté du pont actuel, en aval - et quelle longueur il aura: environ 3,5 kilomètres. Le nouveau pont aura seulement deux voies de circulation de plus, réservées aux transports en commun, mais il sera deux fois plus large que le pont Champlain.

Mais à quoi ressemblera-t-il? La circulation sera-t-elle favorisée par l'ouverture de ce nouveau lien? Le reprofilage de l'autoroute 10, qui desservira le nouveau pont, amènera-t-il les voies routières plus près des secteurs P et V de Brossard? Quel mode de transport en commun sera-t-il privilégié, l'autobus ou le train?

Et qu'arrivera-t-il le jour où on construira une pile du futur pont dans des milliers de tonnes de remblais chimiques, industriels et toxiques qui reposent jusqu'à 12 mètres de profondeur sous l'autoroute Bonaventure et le long des rives du Saint-Laurent, juste en face du Technoparc?

À compter de dimanche après-midi, à Brossard, Transports Canada tient une série de «journées portes ouvertes» afin de permettre au grand public de se familiariser avec ce grand projet, et le peu qu'on en sait.

Rapport préliminaire

Ces «journées», qui durent trois heures chacune, constituent la première étape d'un processus de consultation publique relativement expéditif, qui fonctionne essentiellement par écrit. Le processus n'a rien de comparable au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, avec lequel les Québécois sont plus familiers, mais qui ne s'applique pas à ce projet, entièrement de compétence fédérale.

Les «portes ouvertes» auront lieu à Brossard et dans l'arrondissement de Verdun du 2 au 10 décembre. Elles sont destinées à permettre à la population «de recevoir plus d'information, de rencontrer des spécialistes et de faire part de ses commentaires sur la description du projet et les milieux physiques, biologiques et humains» décrits dans un rapport environnemental préliminaire rendu public il y a deux semaines.

Il ne s'agit pas d'une étude environnementale, loin de là. Ce rapport présente plutôt une synthèse des enjeux environnementaux connus ou prévisibles qui devront être pris en compte au moment de la construction du nouveau pont, qui devrait s'échelonner de 2016 à 2021.

Des études en cours de réalisation permettront plus tard de mesurer l'importance de ces enjeux, leurs impacts sur l'environnement et les moyens qui devront être mis en oeuvre pour les atténuer.

Après les journées portes ouvertes, Transports Canada «acceptera des commentaires écrits sur les sujets abordés» durant ces séances d'information, jusqu'au 15 janvier 2013.

Un deuxième rapport préliminaire d'évaluation environnementale et une deuxième série de journées portes ouvertes suivront au printemps 2013.

Pour en savoir plus:

> Horaire des consultations

> Évaluation environnementale (PDF)

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Enjeux environnementaux

> Sols contaminés

En bordure du fleuve à Montréal, et dans la continuité ouest du Technoparc, les sols sont constitués pour l'essentiel de remblais et de déchets industriels et domestiques qui y ont été jetés durant un siècle. Selon le document d'évaluation, la construction du nouveau pont n'oblige pas Transports Canada à décontaminer les terrains. Mais «des interventions visant à atténuer la problématique de contamination du Technoparc et de la migration de contaminants vers le fleuve» doivent précéder la construction.

> Sédiments

Le petit bassin de La Prairie est une portion du fleuve comprise entre la digue et la Rive-Sud, qui comprend la Voie maritime et le chenal de navigation. La faiblesse du courant y favorise le dépôt et la sédimentation de polluants qui s'y déversent, et qui proviennent surtout de la rivière Châteauguay. Des analyses indiquent, notamment, la présence de plomb et de BPC en concentration dite «modérée». Les travaux réalisés en eau devront éviter que ces polluants soient remis en suspension.

> Transports en commun et circulation

Le rapport environnemental préliminaire de Transports Canada ne contient aucune donnée et ne soulève aucune préoccupation environnementale relative à la circulation prévue sur le nouveau pont. Le document ne contient pas, non plus, de propositions pour les transports en commun. Il indique seulement que deux voies de circulation y seront réservées. Le choix du mode de transport sera déterminé par Québec.

> Couleuvre brune

La couleuvre brune est une espèce rare, en voie d'extinction. La survie d'une quarantaine de ces reptiles a été prise en compte dans le projet de reconstruction de l'échangeur Turcot. Dans l'axe du nouveau pont, «cette espèce au domaine vital restreint a été relevée sur l'île des Soeurs, sur l'île de Montréal, et sur la digue de la Voie maritime».

> Faucon pèlerin

Un faucon pèlerin niche dans le pont Champlain. Au Québec, le faucon pèlerin est une «espèce vulnérable». Au Canada, il a un statut «d'espèce préoccupante». On fera donc tout pour ne pas déranger l'oiseau. «Le suivi de la nidification, la mise en place de restrictions dans un rayon de 250 mètres du nid et le transfert du nichoir, dans une structure propice, sont au nombre des mesures pour atténuer les impacts».

Source: Évaluation environnementale, Transports Canada