Quelques heures à peine après le dépôt du premier budget du ministre des Finances, Nicolas Marceau, le maire par intérim de Montréal, Michael Applebaum, a indiqué qu'il craignait que les coupes dans les investissements en infrastructure aient des impacts négatifs pour la métropole.

«Il y a une baisse de 12 à 10,5 milliards de $ [dans les investissements en infrastructure]. Avec l'Union des municipalités du Québec, on a demandé une hausse de 2 milliards, il y a donc un grand manque à gagner, surtout à Montréal. Une grande partie de ces investissements viennent ici», a déclaré M. Applebaum lors d'un point de presse, mardi soir, à l'Hôtel de Ville.

Il est toutefois prématuré d'indiquer si des projets seront touchés par ces coupures, a-t-il indiqué quand on lui a demandé si des projets en cours devraient être mis en arrêt prochainement.

Le maire par intérim a aussi demandé au gouvernement péquiste de Pauline Marois de revoir son projet de loi 1, qui prévoit encadrer plus sévèrement le pouvoir des villes pour l'octroi de contrats de construction.

«J'ai rencontré [le ministre Marceau], hier, pour lui expliquer l'importance de changer la loi 1, afin que Montréal soit capable d'aller de l'avant avec l'ensemble de nos appels d'offres, tout en assurant que lorsqu'on donne des contrats, il n'y a pas de corruption», a indiqué M. Applebaum, qui croit que le projet de loi actuel limiterait la Ville dans sa capacité à déposer des appels d'offres pour des projets de construction.

Il a aussi demandé que Québec aide les municipalités à revoir les conventions collectives de ses employés. Selon les chiffres avancés, la Ville de Montréal a augmenté sa contribution aux régimes de retraite de 250 à 600 millions $ au cours des quatre dernières années. Un rythme insoutenable.

«Donnez-nous le pouvoir de forcer les différents syndicats à accepter un meilleur partage dans les régimes de retraite. Je suis prêt, comme maire, de prendre toutes les responsabilités et de dire qu'on a agi, mais donnez-nous les pouvoirs», a dit M. Applebaum.

Félicitant le gouvernement du Québec pour l'investissement annoncé de 200 millions de $ pour l'électrification du réseau des transports en commun, M. Applebaum a réitéré sa demande que Montréal puisse toucher à une augmentation de la taxe sur l'essence de cinq cents le litre, sur une période de dix ans.

Les partis d'opposition réagissent

Le premier parti de l'opposition à l'Hôtel de Ville, Vision Montréal, a déploré l'absence de Montréal dans le budget Marceau.

«Montréal figure en bas de page, comme note de référence [...]. Malgré un taux de chômage de 9,6%, la vétusté des 19 parcs industriels municipaux, l'absence de programme de décontamination des sols, la fragilité du secteur de la fabrication; aucun plan mobilisateur n'est prévu pour Montréal dans le budget», a dit la chef de l'opposition, Louise Harel.

Le deuxième parti d'opposition, Projet Montréal, a dénoncé le manque de mesures pour assurer le développement de la métropole.

«Montréal doit affronter des défis de taille comme le transport collectif, la gestion des matières résiduelles, l'intégration des immigrants, le financement de service de police et l'itinérance. Aucun de ces enjeux n'est pris en compte dans le budget que nous présente le ministre Marceau», a déploré le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron.

Les deux partis de l'opposition s'entendent pour réclamer plus de financement pour le développement du transport en commun. Ils félicitent aussi le gouvernement du Québec pour la création de nouveaux logements sociaux.

La communauté d'affaires salue le budget, avec réserves

La communauté d'affaires déplore le peu d'accent mis sur Montréal dans le budget.

«[...] Nous regrettons que le ministre soit demeuré muet sur la place stratégique qu'occupe la métropole dans le développement économique de l'ensemble du Québec», a dit le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc.

Toutefois, l'engagement du gouvernement à maintenir l'équilibre budgétaire a été salué.

Dans un contexte de rationalisation des dépenses, la communauté d'affaires a rappelé l'importance de ne pas stopper les grands chantiers en cours à Montréal qui, à terme, permettront d'assurer la libre circulation des citoyens et des marchandises. Une priorité, a indiqué M. Leblanc, pour le développement économique.