Les couloirs de l'hôtel de ville de Montréal seront le théâtre d'intenses négociations d'ici à vendredi, alors que le candidat défait à la succession de Gérald Tremblay, Michael Applebaum, songe «sérieusement» à quitter Union Montréal.

Plusieurs sources confirment par ailleurs que l'ex-président du comité exécutif, qui a démissionné vendredi dernier, a tendu la main aux deux partis de l'opposition pour obtenir leurs votes. Aucun des deux chefs, Louise Harel et Richard Bergeron, n'a fermé la porte. Ils ont posé quatre conditions pour lui donner leur appui, notamment la constitution d'un comité exécutif de coalition et le retour de la gestion de la ligne éthique par le vérificateur général.

Michael Applebaum a clairement dit oui à la première condition. Techniquement, s'il obtient les votes des 26 conseillers de l'opposition, il aurait besoin de 7 autres voix pour réunir une majorité autour de sa candidature. Il pourrait puiser parmi les 4 conseillers indépendants ou les 33 autres élus d'Union Montréal. Ce dernier groupe est loin d'être homogène: Richard Deschamps a en effet remporté la course à la succession jeudi dernier à la suite d'une élection serrée devant Michael Applebaum.

Le scrutin secret aura lieu au cours d'une assemblée extraordinaire vendredi prochain.

«En ce moment, je suis encore membre d'Union Montréal, mais je suis en sérieuse réflexion, a expliqué M. Applebaum. Pour moi, il y a une chose très importante: il faut qu'on ait de la stabilité, il faut faire la lumière concernant toutes les affaires de collusion et de corruption, il faut être capable de retrouver le respect de la population.»

Guerre des points de presse

Pour «retrouver ce respect», M. Applebaum y va d'une importante concession aux partis de l'opposition: ils auront leur place au comité exécutif. «Il faut qu'on ait une coalition des différents partis politiques, une coalition au comité exécutif.» Le maire intérimaire «doit siéger comme indépendant» et assurer qu'il ne se présentera pas aux élections générales en 2013, soutient M. Applebaum.

Pourrait-il être ce maire indépendant et désintéressé? lui ont demandé les journalistes. «On n'est pas rendus là, a-t-il répondu. Je vais laisser les différentes formations politiques se parler, on va voir ce qui va arriver dans les prochains jours.»

Fait significatif, M. Applebaum a tenu un point de presse au moment même où ses anciens collègues s'apprêtaient à s'adresser aux médias. Celui qui l'a battu pour la succession de Gérald Tremblay, Richard Deschamps, lui a envoyé quelques minutes plus tard une flèche, en l'accusant de «manipulation des faits» et en lui prêtant un «agenda» caché.

Songez-vous sérieusement à quitter Union Montréal? ont demandé les médias à M. Applebaum. «Ça, c'est sûr, a-t-il répondu. Durant les prochains jours, il va y avoir des rumeurs d'un côté à l'autre.»

À Projet Montréal, parti de Richard Bergeron, on répète les quatre conditions posées pour appuyer un candidat: retour de la ligne éthique chez le vérificateur général, comité exécutif de coalition, gel des tarifs de la Société de transport de Montréal en 2013 et annulation de la hausse de la taxe d'eau de 1,1% en 2013.

La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, demande quant à elle la nomination par Québec d'un commissaire à l'éthique pour Montréal et la création d'une unité anticollusion appuyée par le Service de police de la Ville de Montréal pour l'adjudication des contrats. Elle veut en outre qu'on révise les évaluations des contrats «faussées par le gonflement des coûts».