Le choix de Richard Deschamps pour succéder à Gérald Tremblay provoque de vives tensions à Union Montréal, a appris La Presse de source sûre. «Furieux», le numéro 2 de l'administration Tremblay, Michael Applebaum, a annoncé à ses collègues qu'il entend démissionner de son poste de président du comité exécutif.

Une soixantaine d'élus d'Union Montréal se sont réunis hier soir dans leurs locaux du Vieux-Montréal pour désigner un candidat au poste de maire par intérim. À l'issue d'un vote serré, ils ont préféré Richard Deschamps, jusqu'alors responsable des infrastructures, à Michael Applebaum.

Dans son discours, à l'issue du vote, Richard Deschamps a joué la carte de l'unité. «À Union Montréal, nous allons ressortir comme une équipe unie parce que notre nom, c'est Union», a-t-il lancé à la fin de la rencontre.

Mais une source présente à cette réunion à huis clos a indiqué à La Presse que le résultat du scrutin s'annonce déchirant pour Union Montréal. Le bras droit de l'ex-maire Tremblay avait prévenu ses collègues qu'il entendait démissionner si Richard Deschamps était choisi. Celui-ci serait partisan du maintien de la hausse d'impôt foncier de 3,3% annoncée dans le budget 2013, ce à quoi se refuse Michael Applebaum. Le président du comité exécutif a plutôt présenté un compromis à 2,2%, le taux de l'inflation.

Quelques minutes à peine après que Gérald Tremblay eut annoncé qu'il prenait quelques jours de repos, la semaine dernière, M. Applebaum s'était engagé à revoir la hausse de l'impôt foncier: «Je comprends que les payeurs de taxes sont frustrés par ce qu'ils voient, de ce qui se passe à la commission Charbonneau. Je suis un élu, je suis ici pour écouter la population. J'ai demandé hier à mon directeur général, avec le responsable des finances, de commencer à me préparer différents scénarios.»

Dans l'entourage de M. Applebaum, on a refusé de commenter l'information de La Presse sur sa démission, sans toutefois la nier.

Difficile de dire pour l'instant si cette démission pourrait entraîner une vague de départs dans le parti Union Montréal. Plusieurs élus cachaient mal leur mécontentement à la suite du choix de Richard Deschamps. La Presse a entendu l'un d'eux glisser à l'oreille de Michael Applebaum qu'il partageait sa frustration.

Un intense jeu de coulisses s'est déroulé à Union Montréal dans les derniers jours pour trouver un successeur à Gérald Tremblay, un exercice périlleux en un aussi bref laps de temps. Le parti majoritaire à l'hôtel de ville cherchait justement à éviter un déchirement qui pourrait mener à l'élection d'un maire issu de l'opposition.

Cinq noms avaient été évoqués, mais seuls trois élus ont posé leur candidature. En plus de Richard Deschamps et Michael Applebaum, Helen Fotopoulos a tenté sa chance. Elle a toutefois obtenu peu de votes, selon nos sources. Un transfert de ses votes auraient toutefois permis au président du comité exécutif de l'emporter.

La maîtrise du français, un enjeu?

Numéro 2 de l'administration Tremblay depuis avril 2011, Michael Applebaum avait rapidement manifesté à ses collègues son intérêt pour succéder à Gérald Tremblay, mais il aurait été incapable d'imposer sa candidature en raison de sa maîtrise hésitante du français.

Certains de ses collègues ont néanmoins assuré que la question linguistique n'était pas un enjeu. «Son français, il est très bien. Ce n'est pas un facteur majeur, ce n'est pas le président de l'Office de la langue française qu'on est en train d'élire», a lancé Claude Trudel, membre du comité exécutif.

Le leader de la majorité, Marvin Rotrand, a lui aussi estimé que la maîtrise du français ne posait pas un problème pour diriger Montréal. «Dans une ville où francophones, anglophones et allophones vivent si bien ensemble, l'origine ou la langue maternelle d'une personne n'est pas un enjeu.»

L'unité au sein d'Union Montréal sera déterminante pour permettre à Richard Deschamps d'accéder à la mairie lorsque le conseil municipal votera, le 16 novembre. Le parti dispose de 34 votes sur 64, une courte majorité. De profondes dissensions pourraient permettre à un candidat de l'opposition de se faufiler et de décrocher la mairie.

Candidat de l'opposition

Le risque est réel puisqu'au moins un candidat de l'opposition doit se présenter. Vision Montréal annoncera mardi qui se présentera vendredi pour briguer le poste de maire par intérim. Projet Montréal doit se réunir ce matin pour discuter de la succession de Gérald Tremblay, mais, à un an des élections, son chef a écarté l'idée de présenter un candidat pour sa formation, la semaine prochaine.

À Union Montréal, on est bien conscient que des déchirements internes pourraient survenir sur le choix du candidat. «C'est en famille qu'on va faire ça, en espérant rester plus unis que jamais», a confié Gilles Deguire, maire de Montréal-Nord.

Avec Karim Benessaieh

Composition du conseil municipal de Montréal

Union Montréal: 34

Vision Montréal: 15

Projet Montréal: 10

Indépendants: 4

Siège en élection partielle: 1