Les partis de l'opposition ont été unanimes à saluer la «dignité» avec laquelle Gérald Tremblay a annoncé son départ, mais ils en ont aussi profité pour lui décocher quelques flèches et souligner l'ampleur du travail qui reste selon eux à accomplir pour changer la façon dont les choses ont fonctionné sous son règne à l'hôtel de ville.

«Sur le plan humain, il a fait une sortie avec beaucoup de dignité. Cependant, il faut voir qu'il a distribué les blâmes à tout le monde, sauf à lui», a déploré Louise Harel, chef de l'opposition officielle.

«Il a dit qu'on a trahi sa confiance, mais il devra faire un examen de conscience sur le fait qu'il a trop fait confiance. Dans la privatisation de la SHDM [Société d'habitation et de développement de Montréal] et le scandale du Faubourg Contrecoeur, les compteurs d'eau, il a trop fait confiance. Il a toujours fait confiance aveuglément, c'est presque aveuglément volontaire», a-t-elle dit.

«En même temps, c'est pathétique, parce que l'homme était plein de bonne volonté», a ajouté la chef de Vision Montréal.

Mme Harel n'a pas voulu dire qui devrait assurer le poste de maire en attendant les élections de 2013. «Beaucoup de scénarios sont possibles», a-t-elle affirmé. Elle réclame maintenant l'implantation de nouvelles mesures sur l'éthique et l'intégrité.

«Commissaire à l'éthique»

«Le départ du maire ne suffit pas. On ne peut pas attendre un an et faire comme si de rien n'était. Le conseil de ville doit adopter des mesures énergiques, comme la nomination d'un commissaire à l'éthique avec pouvoir d'enquête, le retour de la ligne éthique au vérificateur général, et demander la collaboration du Service de police de la Ville de Montréal dans l'examen de l'octroi des contrats», a-t-elle dit.

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, croit aussi que le départ du maire n'est pas suffisant. «Gérald Tremblay, ce n'était pas qu'une personne, c'était un régime. Et il ne faut pas que ce régime cherche à se perpétuer», a-t-il lancé.

M. Bergeron a salué la décision de M. Tremblay et la façon dont il l'a annoncée. «Ce n'était pas une décision facile, il l'a prise avec dignité. À partir de maintenant, nous entrons dans une nouvelle ère pour Montréal. La première partie sera très courte, c'est une année [jusqu'aux élections]. Il faut absolument que l'état de crise permanente dans lequel a vécu Montréal depuis trop longtemps disparaisse», a-t-il dit.

Une ampleur insoupçonnée

Il a avoué que l'ampleur de ce qui est dévoilé à la commission Charbonneau dépasse ce qu'il soupçonnait, mais que le poste de maire l'intéresse toujours. «En 2013, assurément! C'est le défi de ma vie! Je veux cette fonction et j'ai confiance que je peux la remplir. Je suis candidat à la mairie, je n'y vais pas de reculons, mais je mesure l'ampleur de la tâche, c'est une immense responsabilité», a-t-il lancé.

Malgré de nombreuses tentatives, La Presse n'a pu joindre le député libéral Denis Coderre, qui n'a pas confirmé s'il briguerait la mairie, mais qui ne cache pas son intérêt potentiel pour le poste.

Photo: Marco Campanozzi, archives La Presse

Richard Bergeron