Gérald Tremblay a l'appui de la population et les allégations de l'ex-entrepreneur Lino Zambito sur son parti ne mèneront à aucune accusation criminelle. C'est ce qu'assurent les ténors d'Union Montréal, qui aimeraient maintenant que la Commission Charbonneau enquête sur leurs opposants de Vision Montréal et la campagne électorale de 1994.

En l'absence du maire, c'est le vice-président du comité exécutif Richard Deschamps et le leader de la majorité à l'hôtel de Ville, Marvin Rotrand, qui ont tenu une conférence de presse dimanche sur la lutte à la corruption et à la collusion. Ils en ont profité pour faire une profession de foi envers Gérald Tremblay.

«Nous avons confiance en lui. Et la population soutient le maire», a affirmé M. Deschamps.

«Nous comprenons que certaines personnes pourraient avoir des questions au sujet du maire. Je crois que la plupart des gens font confiance au maire. Le maire a été élu en 2009 avec une majorité, c'est à lui de choisir quand il annoncera ses intentions», a renchéri M. Rotrand.

Le 1er octobre, l'ex-entrepreneur Lino Zambito a déclaré devant la Commission Charbonneau qu'il a payé à un entremetteur de la mafia des sommes équivalant à 3% de tous les contrats qu'il a réalisés pour la Ville de Montréal à compter de 2005. Cet argent liquide était destiné à Union Montréal, a-t-il raconté. Rien pour inquiéter M. Deschamps.

«Au niveau du parti politique Union Montréal, il y a des allégations mais il n'y a aucune accusation. Et nos livres ont toujours été vérifiés par le DGE et ils sont en ordre. Et nous n'avons aucune raison de croire que nous pourrions être accusés aujourd'hui à d'autres niveaux», assure-t-il.

M. Dechamps n'a pas voulu revenir sur le cas des anciens poids lourds de son parti arrêtés par l'escouade Marteau au cours de la dernière année: l'ancien bras droit de Gérald Tremblay, Frank Zampino, son ancien chef de cabinet, Martial Fillion, ainsi que l'ancien directeur du financement de son parti, Bernard Trépanier, font face à des accusations criminelles reliées au scandale du Faubourg Contrecoeur.

«Même s'il y a eu des allégations, il n'y a pas grand indice, et tout est toujours possible, mais présentement il n'y a pas grand indice qui laisse croire qu'on est accusés, parce qu'on n'est pas accusés!», a renchérit M. Deschamps lorsque questionné à ce sujet.

Mais il y a une des allégations de M. Zambito, qui, elle, inquiète beaucoup Union Montréal. C'est celle selon laquelle il aurait versé de l'argent comptant à Benoît Labonté lorsque celui-ci était membre du parti d'opposition Vision Montréal.

«Les allégations qui ont été soulevées par M. Zambito sont très graves et lourdes de conséquences. Selon ce dernier, M. Benoit Labonté aurait personnellement reçu et accepté entre 25 000 $ et 30 000 $ afin de financer sa campagne électorale sous la bannière de Vision Montréal», a déclaré M. Rotrand.

Ces révélations, ajoutées aux anciennes accusations de malversations financières contre Vision Montréal remontant à 1995 et 1996, le poussent à réclamer «une enquête approfondie» sur «cette organisation politique au passé visiblement très trouble». Union Montréal demande donc au gouvernement d'élargir le mandat de la commission Charbonneau afin qu'elle puisse remonter jusqu'à la campagne électorale municipale de 1994.

Lors du conseil municipal lundi, le parti de Gérald Tremblay demandera par ailleurs aux partis d'oppositions de l'appuyer pour réclamer de Québec de nouvelles mesures sur l'octroi des contrats et le financement des partis municipaux.

Union Montréal aimerait entre autres pouvoir empêcher le renouvellement de licence d'opération pour les entreprises reconnues coupables d'infractions criminelles. Le parti demande aussi au gouvernement de réduire la contribution personnelle maximale à 200 $ pour les partis municipaux, de permettre l'exemption fiscale complète des dons et d'augmenter le financement public reçu par les partis municipaux en fonction du nombre de votes qu'ils reçoivent.

Vision Montréal a réagi en disant prendre note de cette «tentative de diversion».

«Pourquoi improviser et imposer unilatéralement des règles de financement à 48 heures du conseil municipal, si ce n'est pour faire du détournement sur le financement occulte et illégal à hauteur de 3% reçu par le parti Union Montréal», a déclaré la chef de l'opposition, Louise Harel.