Une manifestation soulignant le premier anniversaire du début du mouvement Occupons Montréal a eu lieu cet après-midi dans le centre-ville, et malgré l'apparente torpeur des manifestants réunis calmement au Square Victoria, l'action s'est soldée par l'arrestation de trois femmes, dont deux parce qu'elles ont... crié trop fort.

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Ces militants altermondialistes et anti-capitalistes ont commencé à se réunir à midi dans le parc qu'ils ont rebaptisé Place du peuple, en plein coeur du quartier des affaires de Montréal, entre les tours Québecor, de la Bourse, et le Centre de commerce mondial.

«Nous sommes ici pour rappeler à la classe dominante que le peuple est toujours là», expliquait Nicolas Di Penna, avant le départ de la manifestation.

Pour lui, les semaines de camping militant de l'automne 2011, auxquelles il a participé, ont sonné le réveil de la gauche québécoise.

«À l'échelle mondiale, surtout aux États-Unis, c'était la première fois que la populace se soulevait et revendiquait massivement», poursuit-il.

Il aimerait voir le campement du Square Victoria se former de nouveau. Mais il n'y croit pas beaucoup.

«La motivation des militants ne manque pas, mais il n'y a pas de logistique. Et je ne sais pas si les gens ont encore envie de se battre contre le SPVM. Quoiqu'avec l'histoire du matricule 728, ça pourrait raviver les troupes», conclut-il.

Gabriel Lévesque aussi aimerait voir cette «journée contre le capitalisme», marquer le retour des campeurs.

«Occupons Montréal n'a pas changé grand-chose pour les multinationales, mais la société elle, s'est rendu compte que le monde peut se mettre ensemble pour lutter contre les grands», analyse-t-il.

À 14h, alors que le groupe était peut-être composé de 100 manifestants, d'un calme que l'on pourrait presque qualifier de torpeur, la police y est allée d'une étrange stratégie, envoyant six agents se poster bien en vue près du groupe. Ce qui a eu pour effet des réveiller le groupe, qui s'est mis à se moquer des agents, et à les filmer.

Quelques instants plus tard, la troupe revigorée a pris la rue vers le centre-ville. Ils ont infructueusement tenté d'entrer à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Puis, ils sont entrés chez SNC-Lavalin, angle Saint-Alexandre et René-Lévesque. Ils y sont restés quelques secondes, renversant poubelle, plantes, et brisant un distributeur de désinfectant pour les mains. Une employée enceinte qui les a vus entrer a eu si peu qu'elle a subi un choc nerveux, même si elle n'a pas été physiquement agressée.

Un peu plus tard, sur Sainte-Catherine, angle Bleury, un policier a intimé l'ordre de baisser le volume à une manifestante qui chantait trop bruyamment à son goût des mélodies antipolicières. Elle n'a pas obtempéré, elle a été arrêtée. Comme une autre jeune femme, pour le même motif. Ce qui a soulevé l'indignation des manifestants qui ont encerclé les policiers, qui ont décidé de disperser le groupe. À ce moment, une troisième femme a été arrêtée, pour avoir craché sur un véhicule du groupe d'intervention.

Toutes trois se verront décerner des contraventions, les deux premières pour avoir troublé l'ordre public.

Puis le groupe est rentré au Square Victoria, pour un casse-croûte préparé par la Cuisine du peuple, le traiteur d'Occupons Montréal.

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse