L'équipe du maire Tremblay demande l'intervention de Québec dans une affaire de rupture de confidentialité, impliquant un conseiller du parti de l'opposition Projet Montréal, Peter McQueen.

«C'est très, très grave, soutient Marvin Rotrand, leader du parti du maire, Union Montréal. Ce qu'il a fait pourrait compromettre un projet très important pour l'arrondissement. Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, doit rappeler son conseiller à l'ordre.»

Du côté de Projet Montréal, on estime que toute cette affaire n'est qu'une «diversion pour faire oublier le financement occulte d'Union Montréal».

Ce qu'on reproche essentiellement au conseiller McQueen, c'est d'avoir utilisé indûment des renseignements confidentiels qu'il a obtenus en tant qu'élu au conseil d'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. L'hiver dernier, l'arrondissement dirigé par Michael Applebaum a lancé un projet de revitalisation de l'ancien Cinéma V, au 5560, rue Sherbrooke Ouest, fermé depuis une quinzaine d'années. Un organisme à but non lucratif, Cinéma NDG, a remporté l'appel de propositions.

On reproche d'abord à Peter McQueen, conseiller du district de Notre-Dame-de-Grâce, d'avoir donné en août au quotidien The Gazette une entrevue dans laquelle il aurait révélé des renseignements confidentiels sur le projet de Cinéma NDG.

Jusqu'à la suspension

De plus, en septembre, des représentants de l'OBNL auraient informé le maire Applebaum qu'ils avaient porté plainte contre M. McQueen au ministère des Affaires municipales. Le motif : le conseiller de Projet Montréal serait allé rencontrer l'institution financière associée à Cinéma NDG pour lui demander de faire pression pour des changements au projet.

«Richard Bergeron parle toujours d'éthique, c'est une situation claire que M. McQueen a décidé de prendre des informations confidentielles et de les utiliser pour informer les journalistes, estime M. Applebaum. Pire, il a essayé d'influencer l'institution financière dans cette affaire, pour contourner ou changer la proposition.»

Ce comportement constitue une infraction au code d'éthique des élus de la Ville de Montréal, estime M. Rotrand. Si le Ministère reconnaît le bien-fondé de la plainte, il pourrait imposer à M. McQueen une sanction allant de la réprimande à la suspension de 90 jours.

Du côté de Québec, on refuse de confirmer si une plainte a bel et bien été portée. Le délai prévu pour le traitement est de 60 jours ouvrables.

Aucun intérêt personnel

Par communiqué, le conseiller McQueen estime avoir fait des «démarches de bonne foi et de façon transparente afin de bonifier le projet pour inclure de l'espace pour les groupes communautaires».

«Je n'ai fait aucune pression, aucune négociation, j'ai seulement représenté mes citoyens et posé des questions, assure-t-il. À la suite du refus des promoteurs, et du vote en faveur de Cinéma NDG, j'ai accepté la décision du conseil d'arrondissement. Je n'ai aucun intérêt personnel dans ce projet.»

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, s'est montré particulièrement cinglant à l'égard du parti du maire, qualifiant cette sortie de «pitoyable». «Union Montréal a tellement peur d'avoir son 4% des électeurs montréalais et de perdre son 3% des firmes de construction, que les élus de cette formation sont prêts à tout pour salir la réputation de la seule formation politique municipale propre à Montréal.»

Il rappelle que MM. Applebaum et Rotrand font partie de l'administration Tremblay depuis le début, «une administration dont les allégations de corruption sont rendues publiques presque quotidiennement». Quant aux agissements de M. Mc Queen, il les interprète ainsi : «Peter McQueen est accusé d'avoir fait preuve de trop de transparence avec le public. Ça prouve à quel point ils ne savent pas ce que veut dire le mot intégrité.»