«Historique», «jamais vu», «remarquable»: l'entente entre la Ville de Montréal et ses cols bleus annoncée ce matin a suscité un feu d'artifice d'épithètes élogieuses de la part du président du comité exécutif, Michael Applebaum.

Fait effectivement unique dans les annales, le Syndicat des cols bleus regroupés et la Ville sont parvenus à une entente de principe près de trois mois avant l'échéance de la convention collective. Le nouveau pacte liera Montréal et ses 4400 cols bleus jusqu'au 31 décembre 2017. Les détails de l'entente n'ont pas été dévoilés pour respecter le président Michel Parent et les représentants du syndicat, a expliqué M. Applebaum: «J'aime mieux que M. Parent ait l'opportunité de présenter l'entente de principe à ses membres.»

La nouvelle convention collective propose des hausses salariales «conformes au cadre financier de la Ville», a simplement précisé Jean-Yves Hinse, directeur du Service du capital.

6 millions dans les retraites

Autre fait marquant, les cols bleus deviennent le premier groupe d'employés syndiqués à s'entendre avec la Ville pour réduire les coûts de leur régime de retraite. L'administration Tremblay cherche depuis 2011 à économiser 50 millions par année à ce poste budgétaire, qui lui coûtera la somme rondelette de 474 millions l'an prochain.

Là encore, les détails à ce sujet n'ont pas été dévoilés. M. Applebaum a toutefois précisé qu'on avait réussi à aller chercher 6,3 millions en économies, comme le prévoyait la Ville. On souhaitait également augmenter l'âge de la retraite, financer le régime à parts égales avec les employés et introduire un mécanisme de partage du risque. «Les objectifs de la Ville de Montréal ont été atteints, particulièrement sur les dimensions financières, assure M. Hinse. C'est une entente complexe.»

Dans un communiqué commun, le président des cols bleus explique qu'il n'a pas voulu attendre que des solutions «soient imposées» au syndicat ou qu'elles «tombent du ciel». Il qualifie l'attitude de son syndicat de «responsable» et estime avoir «livré la marchandise». Les syndiqués vont se prononcer sur l'entente de principe «à très court terme», promet-il.

L'administration espère que cette entente trace la voie pour les autres syndicats, avec lesquels les négociations s'avèrent difficiles, particulièrement ceux des pompiers et des policiers. Ces deux groupes, qui comptent pour le tiers des employés, représentent la moitié du déficit actuariel, évalué à 2,7 milliards.

«Oui, on a des difficultés avec les pompiers et les policiers, a dit M. Applebaum. On veut maintenant qu'ils prennent l'exemple des cols bleus.» Si les syndicats des policiers et des pompiers refusent les concessions, «c'est clair qu'on va demander au gouvernement d'appliquer une nouvelle loi pour les forcer à respecter notre cadre financier.»