Visée par des révélations embarrassantes devant la commission Charbonneau, l'administration Tremblay a annoncé aujourd'hui la suspension de contrats «non urgents» d'une valeur de 75 millions.

Aucune précision n'a été donnée quant aux entreprises qui avaient obtenu ces contrats ou à leur nombre. Les travaux touchaient la voirie ainsi que les réseaux d'eau et d'égout. Cette mesure a été rendue possible par la «souplesse administrative» promise par le ministre responsable de la métropole, Jean-François Lisée, a expliqué Richard Deschamps, responsable du développement économique au comité exécutif.

«Nous avons appliqué rigoureusement la loi 35 dès décembre 2011, et nous avons travaillé dans le cadre légal qui nous a été donné, a-t-il expliqué. À l'usage, au cours des neuf derniers mois, nous nous sommes aperçus que l'esprit de la loi 35 a été contourné par les entreprises.»

«Préoccupés par la situation»

Il espère que la nouvelle loi promise d'ici à Noël fournira les «outils» pour assurer l'adjudication des contrats sans collusion. L'annonce d'hier ne concerne pas les contrats en cours ni ceux qui sont jugés urgents, a précisé M. Deschamps. Touche-t-elle des entreprises citées par Lino Zambito? «C'est évident qu'il peut y avoir de ces entreprises-là, a répondu l'élu. Nous sommes préoccupés par tout ce qui se passe. Nous allons en entendre d'autres, ça débute. Nous suivons la situation, nous l'avons toujours prise au sérieux.» Il estime que son administration est «allée au bout de ce qu'elle pouvait faire» dans le cadre juridique actuel.

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a saisi la balle au bond et a redemandé le départ du maire Gérald Tremblay. «Il suspend des employés de la Ville, il suspend des contrats. A-t-il pensé à se suspendre lui-même?»

Il est temps, selon lui, que la Sûreté du Québec lance une enquête sur le parti Union Montréal «et sur le maire Tremblay lui-même».

Quant à la chef de l'opposition officielle, Louise Harel, elle a souligné l'ironie de l'annonce de M. Deschamps, qui avait refusé le mois dernier à la mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, le droit de reporter des contrats jugés douteux. «Il lui a répondu qu'il n'en était pas question, qu'il fallait procéder. C'est comme si l'administration et le maire venaient de se réveiller. C'est une sorte de volonté de rédemption, de se redonner une sorte de virginité.»