Las de voir des étudiants occuper ses tables toute la journée avec leur ordinateur et ne consommer que le strict minimum, le Caffè Art Java de Laval a adopté une nouvelle règle: peu importe le prix affiché de ce qu'ils commandent, ils doivent payer au minimum 10$.

Ses livres, son ordinateur et un café: le trio idéal pour Nesrine Hassen, étudiante en droit à l'UQAM. Depuis la rentrée, la jeune femme de 22 ans se réfugie tous les jours au Caffè Art Java de Laval pour y étudier.

Dimanche dernier, à sa grande surprise, le gérant de son café préféré lui apprend que, si elle désire rester dans son établissement, sa boisson lui coûtera 10$, ainsi que toute autre consommation. Il s'agirait d'une «nouvelle politique interne verbale», lui a-t-on dit.

«J'y vais tout le temps, et un café me coûte normalement 5$ avec les taxes. J'ai dit au gérant que c'était illégal comme politique et il a dit que je le menaçais et qu'il allait appeler la police», raconte Nesrine, qui a toujours du mal à croire ce qui lui est arrivé.

Joint par téléphone, Serge, le gérant du café, a confirmé la nouvelle directive. Il a expliqué que beaucoup d'étudiants flânent, «ne prennent qu'un café dans la journée», et qu'il gère «un business, pas un centre de détente».

Dès qu'il a su qu'il s'adressait à un journaliste, il a aussitôt mis fin à la conversation.

Seulement à Laval

Alors que la fin du trimestre approche à grands pas dans les collèges et les universités, les cafés risquent d'être plus fréquentés qu'à l'habitude. La Presse a appelé plusieurs établissements lundi, et aucun n'a jugé nécessaire d'adopter un règlement comme celui-là.

Il semble d'ailleurs que le Caffè Art Java de Laval soit le seul de la chaîne à avoir adopté ce règlement. Félicité, l'une des responsables de la succursale de l'avenue Mont-Royal, a été estomaquée d'apprendre la nouvelle mesure de son collègue lavallois. «Quoi? Non, on ne fait pas ça ici, c'est ridicule. Notre café est à 3$ pour tout le monde.»

Même son de cloche de Roxane, responsable du café de l'avenue du Président-Kennedy. Elle admet que beaucoup d'étudiants fréquentent son établissement à longueur de journée, mais elle n'entend pas le leur interdire. «Ils peuvent rester autant qu'ils veulent chez nous.»

Nesrine Hassen compte porter plainte dès aujourd'hui à l'Office de la protection du consommateur. «Il s'agit d'une violation directe des droits du consommateur. C'est illégal, dénonce-t-elle. Aucun commerçant ne peut exiger un prix supérieur à celui qui est affiché.»