Le nouveau pacte fiscal conclu par l'administration Tremblay avec les arrondissements risque de valoir aux Montréalais une facture plus élevée que la hausse de 3,4% annoncée pour 2013, prévient la chef de l'opposition officielle, Louise Harel.

La Presse a révélé jeudi que le budget 2013, dont les grandes lignes seront présentées ce matin, prévoit une nouvelle augmentation de 2,2% de l'impôt foncier. Une autre hausse de 1,2% servira à financer le fonds de l'eau, ce qui fait une augmentation totale de 3,4%.

Vision Montréal souligne toutefois que, pour les arrondissements qui n'ont pas encore adopté leur propre budget, ce qu'ils feront à compter de la semaine prochaine, la note pourrait encore grimper. «Ce qu'on n'a pas encore, c'est l'ensemble du compte de taxes, avec une nouvelle ligne qui va s'appeler "taxe locale"», indique Mme Harel.

Pour la première fois l'an prochain, les 19 arrondissements imposeront une taxe locale, alors que seulement 9 l'ont fait en 2012, rappelle-t-elle. La Ville a en effet accepté de leur céder une partie de son assiette fiscale, soit 5 cents par 100$ d'évaluation l'an prochain. «Les règles du jeu ont changé, dit-elle. L'immense danger, c'est que, d'une certaine façon, la Ville dise aux arrondissements: "Si vous manquez d'argent, taxez localement."»

D'ici deux ans, les arrondissements pourront toucher 10 cents par 100$ d'évaluation, tandis que la valeur des résidences va augmenter. «Le compte de taxes que reçoit le citoyen ne dépend pas que du taux. Il y a l'évaluation de sa maison aussi, qui est en augmentation, et pour laquelle il y aura un nouveau rôle en septembre 2013.»

Louise Harel s'indigne également de voir que les dépenses de la Ville augmenteront plus rapidement que l'inflation en 2013. «Ça indique qu'il n'y a pas de volonté de regrouper des services pour faire des économies d'échelle. On nous avait promis à l'été 2011 des chantiers d'optimisation, notamment sur le matériel roulant et l'entretien des immeubles. On ne les voit pas venir. Ces regroupements de services, qui permettraient des économies d'échelle, enlèvent le pouvoir que certains arrondissements dans l'entourage du maire veulent se garder. Le ménage n'est pas fait.»

Pause sur le fonds de l'eau

Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, la deuxième opposition, croit quant à lui que Montréal devrait attendre la fin de la commission Charbonneau sur l'adjudication des contrats dans le milieu de la construction avant d'augmenter la taxe destinée au fonds de l'eau. «Je crois qu'un fonds alimenté par des centaines de millions dans un milieu propice à la malversation commanderait qu'on mette la pédale douce, explique-t-il. Ça fait 50 ans que nos infrastructures souterraines fuient, on pourrait bien attendre, jusqu'à ce qu'on sache jusqu'à quel point la corruption a pu s'infiltrer.»

Sans avoir vu le budget, Richard Bergeron estime néanmoins qu'une importante partie de la hausse des taxes et impôts est attribuable aux difficultés que connaissent les régimes de retraite des employés. Selon lui, le gouvernement provincial doit impérativement légiférer pour rééquilibrer le partage des risques. «Il faut que la Ville et les employés contribuent à 50-50. Je tiens le même discours que Régis Labeaume à Québec: le monde municipal est pris à la gorge par les conditions des régimes de retraite.»

Richard Bergeron se dit convaincu que le budget 2013 sera le dernier de Gérald Tremblay. «J'ai hâte d'avoir le directeur des finances devant moi et de lui dire qu'on va faire le ménage là-dedans, dit-il. Ce n'est pas vrai que l'argent manque à Montréal.»