Un groupe écologiste menace d'abattre des arbres demain midi sur le mont Royal pour protester contre des coupes à blanc dans une forêt où vivent des Algonquins. La Ville de Montréal, qui aurait eu vent de la manifestation «entre les branches», promet de s'interposer.

«On veut faire sentir aux gens ce que c'est quand une chainsaw arrive et coupe des arbres. C'est symbolique parce que ce n'est pas une vraie coupe à blanc, mais on veut que les gens sentent l'agression dans la forêt», expose l'un des responsables de S.O.S. Poigan, Vincent Dostaler. Il précise que ce n'est pas son groupe qui compte abattre les arbres demain midi près de la statue de George-Étienne Cartier. Son organisation dit d'ailleurs qu'elle n'approuve pas la coupe des arbres mais qu'elle organise simplement une conférence de presse pour attirer l'attention sur la manifestation.

«Ça peut sembler contradictoire, probablement, mais les médias devront s'habituer à la notion de la "diversité des tactiques" qu'on a vue durant Occupons Montréal. Les gens qui ont une cause commune doivent accepter de ne pas juger les actions des autres», dit Vincent Dostaler.

La région du lac Poigan se trouve à 350 km au nord de Montréal, dans la réserve faunique de La Vérendrye. Un groupe d'Algonquins vit dans cette forêt aujourd'hui exploitée par la compagnie PF Résolu, anciennement Abitibi Bowater. Les Amérindiens souhaitent que cesse cette exploitation.

Une campagne dirigée par S.O.S. Poigan à Montréal tente d'attirer l'attention de la population sur le sort de ces Algonquins. Des artistes comme Roy Dupuis et Richard Desjardins ont été invités au rassemblement de demain midi, mais leur présence n'est pas confirmée.

La Ville de Montréal refuse de voir un seul arbre abattu sur le mont Royal. «Oui, on en a entendu parler de l'événement à travers les branches, confirme la porte-parole Renée Pageau. On nous a dit que c'était une action symbolique. On ne pense pas qu'ils vont couper un ou des arbres demain, mais il n'est pas question que la Ville laisse un regroupement couper des arbres. Si jamais il y a coupe, ce sera illégal et il y aura des amendes.»

Le SPVM prévient que des agents seront sur place et pourront distribuer des constats d'infraction. Les bûcherons urbains pourraient également être accusés de méfait de moins de 5000$. Le cas échéant, ils seraient passibles de six mois de prison et de 2000$ d'amende.

Le groupe des Amis de la montagne, voué à la protection du mont Royal, souligne que l'endroit est fréquemment utilisé pour y tenir des rassemblements. «On va voir de quoi leur action a l'air, mais on nous a dit qu'ils vont porter un geste symbolique pour faire la lumière sur une situation ailleurs au Québec», dit une porte-parole, Gabrielle Korn.