Nouveau chapitre dans la longue bataille sur le sort de l'ancien couvent des soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie. Déjà auteur d'une poursuite contre la Ville de Montréal, le groupe de citoyens qui se bat depuis trois ans pour la sauvegarde de l'immeuble patrimonial demande maintenant une injonction permanente contre l'Université de Montréal (UdeM), qu'il accuse d'avoir vendu illégalement l'édifice au Groupe Catania afin de le convertir en condos.

Requête déposée vendredi

Les opposants au projet exigent aussi l'annulation de la promesse d'achat, vieille de quatre ans. «Ils n'ont pas fini d'entendre parler de nous. Nous sommes déterminés à ce que le bâtiment soit conservé», prévient Daniel Turp, ex-député péquiste et membre du Rassemblement citoyen pour la sauvegarde du Pavillon 1420.

Le groupe a déposé une requête vendredi devant la Cour supérieure et espère être entendu bientôt. Le temps presse puisque le Groupe Catania a déjà construit un appartement modèle dans l'édifice et n'attend que l'issue de la poursuite judiciaire pour aller plus loin.

En 2010, le groupe a demandé à un juge d'empêcher la Ville de Montréal de modifier un règlement de zonage pour permettre la transformation de l'immeuble historique en 135 appartements en copropriété de luxe. La requête a été rejetée, mais le groupe a porté la cause en appel. Cette fois, le Rassemblement citoyen s'attaque directement à l'Université de Montréal et l'accuse de contrevenir à la loi.

15 millions de dollars

Cinq ans après l'avoir acheté pour la somme de 15 millions, l'UdeM a vendu en 2008 le vaste immeuble de brique brune construit en 1925. À l'origine, elle souhaitait y aménager des salles de cours et des laboratoires. Mais les coûts de rénovation, estimés à l'origine à 54 millions, ont explosé. L'Université a donc choisi de s'en départir.

Selon la requête déposée des opposants, bien que l'ancien couvent soit «un immeuble patrimonial de qualité» et qu'il soit «l'un des plus convoités sur le territoire de l'île de Montréal, une seule offre a été considérée par l'Université et son courtier immobilier», soit celle de Groupe Catania.

Selon Daniel Turp, l'UdeM n'a pas suivi le règlement qui encadre la vente d'immeubles excédentaires des organismes publics en ne donnant pas priorité aux organismes publics des domaines de l'éducation ou de la santé, notamment. «À cette époque, il est connu que bon nombre d'établissements d'enseignement recherchaient des emplacements institutionnels de choix pour leurs besoins grandissants», dit la requête. Le document accuse aussi l'Université de Montréal d'avoir manqué de transparence lors de la promesse d'achat et de la transaction qui en découle. Les citoyens dénoncent notamment le fait que le prix de vente soit gardé confidentiel. Des rumeurs parlent de 21 et de 28 millions. Le Rassemblement citoyen pour la sauvegarde du Pavillon 1420 s'est tourné vers la Commission d'accès à l'information afin d'en savoir plus.

Nullité de la transaction

Dans un ultime espoir de sauver l'édifice, le groupe demande maintenant à la Cour supérieure de déclarer nulles la promesse d'achat du Groupe Catania ainsi que toute transaction éventuelle.

Jointe hier par La Presse, l'Université de Montréal a préféré ne pas commenter l'affaire. «On va attendre que le tribunal tranche», a indiqué le porte-parole Mathieu Leroux.