La mise en oeuvre du Plan de transport de Montréal n'avance pas vite. Seulement 3 des 21 chantiers prévus dans ce plan, adopté en 2008 par l'administration du maire Gérald Tremblay, sont en voie d'être réalisés dans le respect des échéanciers prévus. Et tous les grands projets accusent, déjà, des années de retard.

Dans un bilan très critique des réalisations de la Ville de Montréal depuis quatre ans, plusieurs organismes préoccupés par les transports urbains, dont Vélo Québec et Équiterre, déplorent la lenteur des progrès réalisés dans une grande majorité des projets prévus, et ce, qu'ils soient de dimension très locale (plans de déplacement, sécurisation des intersections) ou d'envergure métropolitaine, comme les prolongements du métro ou la modernisation de la rue Notre-Dame, dans l'est de Montréal.

La quasi-paralysie qui frappe tous les grands chantiers d'infrastructures (tramways, navette de Dorval, Notre-Dame, etc.) ne peut pas être attribuée uniquement à la Ville.

La directrice générale du conseil régional de l'environnement de Montréal, Coralie Deny, souligne toutefois qu'en bien d'autres domaines, où la Ville de Montréal a toutes les compétences pour agir, comme la gestion du stationnement ou l'établissement des plans de déplacement locaux, le Plan de transport accuse un énorme retard.

Seulement trois des villes et arrondissements de l'agglomération de Montréal ont produit leur plan de déplacement, en quatre ans. Et la Ville ne possède toujours aucun inventaire précis des stationnements sur son territoire.

Quant au développement du réseau cyclable, s'il se poursuit, c'est au ralenti. Le Plan prévoyait une moyenne de 57 kilomètres de sentiers additionnels par année. En quatre ans, la moyenne s'établit plutôt autour de 25 km, moins de la moitié, a souligné Suzanne Lareau, de Vélo Québec.

Retards injustifiés

En vertu du Plan adopté en 2008 par le conseil municipal de Montréal, la Ville devait produire, chaque année, un bilan de l'état d'avancement des 21 «chantiers» ou projets de ce Plan. Aucun bilan officiel n'a toutefois été rendu public depuis 2010. Le bilan publié hier est une initiative commune de sept organismes bien connus de la métropole.

Les deux partis de l'opposition au conseil municipal de Montréal ont rapidement donné écho à ce bilan très critique de l'administration du maire Gérald Tremblay. La chef de Vision Montréal, Louise Harel, a estimé que «rien ne peut justifier les retards identifiés dans les chantiers qui relèvent de sa seule compétence», à un moment où la Ville «a reçu le feu vert de l'opinion publique» pour réduire la circulation automobile, aménager des quartiers verts ou implanter des pistes cyclables.

Le chef de la deuxième opposition au conseil, Richard Bergeron, de Projet Montréal, a pour sa part attribué ce peu d'avancement au «manque de volonté politique et de leadership» du maire Tremblay et de son équipe, «qui tolèrent l'inaction ou l'immobilisme dans le dossier des tramways, du prolongement du métro vers l'est ou du réseau cyclable».

En fin de journée hier, le responsable des dossiers de transport au comité exécutif de Montréal, Michel Bissonnet, a réagi par voie de communiqué pour «réaffirmer [sa] volonté d'assurer le développement du réseau de transport de la métropole, et ce, dans le respect de la capacité de payer des Montréalais».

M. Bissonnet a rappelé que les investissements annuels de la Ville, en transports, ont presque doublé depuis 10 ans pour atteindre 450 millions, l'an dernier. Le responsable des transports a aussi souligné, parmi les progrès réalisés depuis 2008, l'implantation de la limite de vitesse à 40 km/h dans le réseau municipal et l'augmentation de plus de 11,4% de la fréquentation du métro et des autobus de la Société de transport de Montréal.