Les concerts de casseroles devraient rester confinés aux balcons plutôt que descendre dans les rues de Montréal, plaide le maire Gérald Tremblay.

Lors d'un point de presse, aujourd'hui, le maire a de nouveau exprimé son ras-le-bol à l'égard du conflit étudiant. Au sujet de la multiplication des concerts de casseroles à Montréal, Gérald Tremblay a invité les citoyens à ne pas déambuler dans les rues. «S'ils veulent faire du bruit avec des casseroles, qu'ils le fassent sur leur balcon. On va l'entendre, le bruit. Moi, je suis à Outremont et je l'entends, le bruit. Pas besoin d'aller sur la rue.»

Depuis samedi, un nombre croissant de personnes (jusqu'à des milliers mercredi) se réunissent tous les soirs aux principales intersections de Montréal, munies de casseroles, pour protester contre la loi spéciale qui restreint le droit de manifester. De tels rassemblements ont également été observés dans quelques villes en périphérie de la métropole.

Gérald Tremblay craint que ces perturbations ne nuisent à la circulation et ne fassent fuir les résidants du 450 qui ont leurs habitudes à Montréal. «J'anticipe un réveil brutal. Parce que les gens qui quittent, qui sont à l'extérieur, se disent "pourquoi on irait à Montréal? On aime mieux aller dans les salles de spectacleà Laval ou sur la Rive-Sud." Qu'est-ce qui va arriver?» 

Le maire redoute également qu'un automobiliste ne perde patience et fauche mortellement un manifestant. Pour l'instant, les incidents du genre ont seulement entraîné des blessures.





Prix en démocratie assombri

Gérald Tremblay a fait ces déclarations alors que son règlement antimasque a de nouveau été vivement critiqué. Cette fois, les critiques provenaient de personnes qu'il venait tout juste d'honorer pour leur contribution à la démocratie.

Il a remis ce midi le premier Prix du maire de Montréal en démocratie à deux groupes communautaires, le Centre d'éducation et d'action des femmes de Montréal et le Groupe de travail en agriculture urbaine. Les deux groupes ont dénoncé les «mesures draconiennes» imposées pour mettre fin au conflit étudiant et ont invité la Ville à mieux protéger la démocratie. De forts applaudissements ont rempli la salle de l'hôtel de ville où une centaine de personnes étaient réunies.

Même le responsable du chantier démocratie à la Ville, Dimitri Roussopoulos, a joint sa voix aux contestataires. Il a salué le «vent de démocratie» qui souffle depuis le printemps arabe et a indiqué que les autorités grecques n'avaient pas adopté de loi pour restreindre le droit de manifester ni de règlement antimasque pour faire face aux émeutes qui secouent le pays depuis un an. Il a été chaudement applaudi par l'assistance, où plusieurs arboraient le carré rouge, symbole de la lutte étudiante contre la hausse des droits de scolarité. Au premier rang dans la salle, le maire s'est toutefois abstenu d'applaudir.

La chef de l'opposition, Louise Harel, estime que la remise du prix aurait dû être reportée, d'autant plus qu'elle survenait au lendemain de la plus vaste arrestation de masse depuis le début du conflit étudiant à Montréal: 518 personnes ont été interpellées, trop au goût de Vision Montréal. «Le maire n'a pas de leçon de démocratie à donner», a dénoncé Mme Harel.

Projet Montréal a jugé «paradoxale» la remise de ce prix une semaine après l'arrestation de trois anciens membres de la garde rapprochée du maire.

Un participant, André Querry, a été menacé d'expulsion quand il s'est masqué au début de la cérémonie. Mis à l'écart par les agents de sécurité, il a expliqué qu'il s'agissait d'une blague pour dénoncer le règlement antimasque.

À la fin de la cérémonie, un manifestant est monté sur scène pour remettre un prix spécial de démocratie au SPVM pour les 2000 arrestations qu'il a faites en 102 jours.