L'angoisse, la peur, la précarité: chaque jour, à Montréal, plusieurs dizaines de milliers d'immigrés organisent leur vie autour d'une donnée majeure: leur situation illégale. Ils sont demandeurs d'asile déboutés, parents d'enfants canadiens, touristes venus ici non pour voyager mais pour travailler, ou encore entrés ici illégalement. Les chemins qui les ont menés à la clandestinité sont nombreux. Ils n'ont pourtant qu'une seule destination: la vie sans statut, le cul-de-sac juridique. Pendant des mois, voire des années, ils survivent dans l'anonymat le plus complet. De petits boulots payés au noir, dans des conditions qui dérogent aux normes québécoises, leur permettent de subsister. Ils n'ont pas accès à l'aide sociale ni à l'assurance maladie. Ils rasent les murs, hésitent à sortir de l'anonymat, de peur d'être dénoncés aux autorités canadiennes, arrêtés, renvoyés vers leurs pays. Ils sont prisonniers d'une vie quotidienne, privés des libertés les plus simples. On estime à plus de 250 000 personnes le nombre de clandestins au Canada, dont près de 40 000 à Montréal, qui vivent et travaillent à nos côtés. La Presse a rencontré certains d'entre eux, qui ont accepté, non sans réticence, de nous raconter leur existence sans statut au Canada et leur rêve d'une vie normale.

Voici leurs histoires.