Le 450 a poursuivi sa progression inexorable aux dépens du 514 au cours de l'année dernière. C'est ce que démontrent les chiffres de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) rendus publics la semaine dernière.

Dans son survol annuel de la «migration interrégionale» pour 2010-2011, on constate qu'au net, 22 000 personnes ont quitté l'île de Montréal pour s'établir dans la couronne. «Généralement, les gens ne vont pas très loin, ils s'établissent dans le secteur qui se trouve juste de l'autre côté du pont où ils résidaient auparavant», observe Jean-François Lachance, le statisticien responsable de ces données migratoires à l'ISQ.

Ces constats «s'inscrivent dans la tendance des 10 dernières années», observe-t-il. Chaque année, Montréal perd de 19 000 à 24 000 citoyens au profit de la banlieue. On peut observer les déplacements à partir des banques de données, dénominalisées, fournies par la Régie de l'assurance maladie du Québec, qui permettent de voir les changements d'adresse par les codes postaux.

Dans l'ensemble du Québec, 208 600 Québécois ont changé de région entre juillet 2010 et le 30 juin 2011. C'est un peu moins que l'année précédente (213 500), mais on reste dans les mêmes eaux depuis plusieurs années, 2008-2009 (209 000) et 2007-2008 (207 700). Au-delà des chiffres absolus, en pourcentage de la population, les migrations interrégionales sont au niveau le plus faible depuis 10 ans, avec 2,7%. On était généralement à 3% depuis une décennie.

La population de l'île augmente

Pour l'ISQ, «comme par les années passées, la région de Montréal montre un solde interne fortement négatif en 2010-2011, avec des pertes nettes se chiffrant à 22 200 personnes, soit un taux net de -1,20%, un chiffre comparable aux précédentes années».

M. Lachance note toutefois qu'il s'agit du solde des migrations entre les régions. Globalement, «la population de Montréal n'est pas en train de décroître, il faut tenir compte des naissances et de la migration internationale», rappelle-t-il. Ainsi, depuis quatre ans, la population de l'île de Montréal a augmenté de 60 000 personnes en chiffres absolus.

À l'inverse, dans les couronnes, les secteurs les plus favorisés par la migration interne demeurent ceux qui se trouvent dans la grande région métropolitaine. Pour 2010-2011, Lanaudière affiche le taux net de migration interne le plus élevé, soit 0,84%, suivi de près par les Laurentides (0,81%).

La ville de Laval (0,46%) suit derrière et la Montérégie (0,43%) ferme la marche. Mais en nombres absolus, c'est cette dernière qui fait les gains les plus importants, avec 6300 personnes.

Pour M. Lachance, dans la majorité des cas, les gens qui quittent Montréal «traversent le pont, et 85% des gens qui sortent vont dans la région immédiatement de l'autre côté».

Dans d'autres régions, le taux net de migration est positif. Au Centre-du-Québec, on monte à 0,43%, un peu plus que dans la région de Québec (0,37%) et l'Outaouais (0,28%). Les autres régions continuent d'enregistrer des gains constants, mais plus modestes.

La Gaspésie montre un taux net de migration interne légèrement positif (0,10%). Mais contrairement à l'année passée, elle n'est plus la seule région dite éloignée à ne pas enregistrer de pertes. L'Abitibi et la Côte-Nord ont aussi retenu leurs citoyens, tout comme le Saguenay. Le Bas-Saint-Laurent affiche une très légère baisse.

En dépit du Plan Nord, le nord du Québec encaisse une perte significative au niveau de la migration interrégionale - moins 0,39% -, mais la chute est passablement plus faible qu'il y a cinq ans.

Les déplacements entre les régions sont surtout le fait des jeunes. Les gens de 20 à 29 ans affichent la plus grande propension à changer d'air, un constat qui peut s'expliquer par la poursuite d'études supérieures ou l'arrivée sur le marché du travail.