Le chantier sur le financement des arrondissements de la Ville de Montréal vient à peine d'être lancé que déjà il y a discorde entre l'administration Tremblay et l'opposition officielle.

Lors d'un caucus spécial tenu samedi, les élus de Vision Montréal ont vilipendé une proposition qu'aurait faite l'administration du maire Gérald Tremblay d'introduire 19 taxations locales différentes, établies en fonction de la richesse foncière de chaque arrondissement. Selon Vision Montréal, le président du comité exécutif, Michael Applebaum, aurait évoqué cette forme de taxation lors de rencontres qu'il a eues la semaine dernière avec des maires d'arrondissements. Ces rencontres s'inscrivent dans une tournée des 19 arrondissements réalisée lors d'une consultation générale sur le financement des arrondissements. Depuis la fusion municipale en 2002, les arrondissements sont nombreux à crier au sous-financement.

Vision Montréal craint que cette mesure accroisse l'iniquité des services offerts dans les différents arrondissements, en permettant à ceux qui pourront payer davantage de donner plus de services à la population. «L'objectif premier de la refonte des budgets des 19 arrondissements doit d'abord et avant tout viser la fin des iniquités dans l'offre de services et l'accès aux équipements municipaux, tels les parcs, les bibliothèques, les piscines, les arénas, les maisons de la culture, le déneigement, la propreté et l'entretien des immeubles», a souligné la mairesse de l'arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc Extension, Anie Samson. «On ne veut pas retourner à une structure qui ressemblerait à l'ancienne communauté urbaine de Montréal», a ajouté le maire de l'arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais.

Le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Michael Applebaum, a dénoncé l'attitude de Vision Montréal quant à la démarche entreprise par son administration. «Dès le début du chantier sur la révision du financement des arrondissements, j'ai réitéré à plusieurs reprises l'importance de mettre de côté toute partisanerie politique afin que nous puissions régler une fois pour toutes ce dossier, a-t-il déclaré par voie de communiqué. Il est donc plus que décevant de constater qu'après seulement trois rencontres, Vision Montréal fait preuve d'immaturité en tirant des conclusions hâtives de ce chantier que nous venons tout juste de commencer.»

Sans nier que la mesure dénoncée par le parti de Louise Harel ait été évoquée, l'attaché de presse du cabinet du maire et du comité exécutif de la Ville de Montréal, Ariane Lareau, a assuré qu'aucune proposition n'a encore été mise de l'avant. «Tout est sur la table, a-t-elle insisté. On commence tout juste l'exercice de consultation.»

Le maire de l'arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais, croit pour sa part que la page n'est pas aussi blanche que le clame Michael Applebaum. «Il y a des choses qui sont déjà d'emblée rejetées», avance-t-il.

Vision Montréal suggère pour sa part la création d'un fonds de péréquation et d'un fonds de développement afin de soutenir, dans la livraison de services aux nouveaux résidents, les arrondissements qui accueillent des projets immobiliers.

Michael Applebaum poursuivra ses rencontres avec les maires d'arrondissement au cours des prochaines semaines. Il doit proposer une démarche au comité exécutif dès la deuxième semaine de février. Les travaux du chantier sur les budgets d'arrondissement doivent se conclure au mois de juin.