La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) va tâter le pouls des Montréalais et des banlieusards sur les enjeux controversés du péage routier et des taxes sur l'essence, afin de cibler les meilleures pistes de solution pour financer le développement de grands projets de transports collectifs totalisant 23 milliards de dollars sur 20 ans.

Le président de la commission des transports de la CMM et maire de Bois-des-Filion, Paul Larocque, a confirmé hier à La Presse la tenue de consultations publiques d'envergure, dès ce printemps, pour discuter des projets d'investissements dans les transports collectifs, des sources potentielles de financement et de leur degré d'approbation à Montréal, à Laval, sur la Rive-Sud et dans les couronnes nord et sud des banlieues.

Après le succès remarquable des consultations publiques sur son Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD) l'automne dernier, la CMM ouvrira cette fois-ci une véritable boîte à surprises, pour tenter de répondre à la question suivante: comment la métropole financera-t-elle les prolongements du métro, les trains de banlieue, tramways, trolleybus et autres grands projets nécessaires pour atteindre les principaux objectifs du PMAD en matière de mobilité, au cours des 20 prochaines années?

«J'ai hâte d'entendre les réponses, dit le maire Larocque. On entend toutes sortes de chiffres, de scénarios, de sondages qui tournent autour du financement des infrastructures et des transports en commun. Ce qu'on va faire est une première. Nous voulons présenter un portrait clair de nos besoins en investissement et des sources de financement possibles pour les combler.»

«Le péage en fait partie, mais ce n'est pas la seule voie qu'on veut explorer, ajoute-t-il. Sinon, ce serait comme aller rencontrer la population pour lui demander: de quelle façon voulez-vous qu'on vous taxe? Ce ne serait pas très gagnant. Et en tant qu'élus municipaux, tous les membres de la commission sont conscients du fardeau qui pèse déjà sur les épaules des contribuables.»

La Presse a rendu publique, l'an dernier, une liste des projets figurant dans le projet de plan de transport métropolitain, présentement en cours d'élaboration à la CMM. La liste incluait des projets proposés par chaque sous-région de la communauté métropolitaine. Les grandes prévisions de développement des services comme les trois prolongements du métro prévus à Montréal, Laval et Longueuil, la mise en service de lignes de trains de banlieue, la création d'un tramway à Montréal et l'aménagement des couloirs d'autobus express dans les banlieues totalisaient 12,6 milliardsde dollars.

Le plan prévoyait aussi des investissements de 10,3 milliards pour la remise en état des équipements du métro, l'acquisition de nouvelles voitures, le renouvellement des parcs d'autobus et l'entretien général des réseaux de transports actuels.

Entre-temps, les réseaux actuels sont saturés en période de pointe, la demande pour de nouveaux services n'a jamais été aussi forte de la part des usagers, la fréquentation atteint des records et les nouveaux projets ne se matérialisent pas.

«L'unanimité est faite sur le besoin d'augmenter les services de transports collectifs», dit le maire Larocque.

N'empêche, convient-il, que pour réaliser des projets de l'ordre de 23 milliards, il y a bien quelqu'un, quelque part, qui va devoir payer.

Qui? Combien? Pourquoi? Et comment?

La commission de la CMM n'a pas l'ambition de répondre à toutes ces questions en quelques mois d'études, précise M. Larocque. Certaines décisions importantes devront être prises par Québec, «et les maires de la métropole devront bien un jour se pencher sur une priorisation de tous ces projets de transports en commun qui ont été identifiés, sans qu'on leur donne un ordre de priorité précis.

«Mais nous allons savoir ce qui se fait ailleurs, ce qu'on pourrait faire ici, et jusqu'à quel point les solutions les plus connues peuvent être acceptables pour la population de la grande région métropolitaine», conclut-il.