L'opposition officielle à l'hôtel de ville a dénoncé le salaire «indécent» de 300 000$ par année que la Ville de Montréal accorde à son nouveau directeur général, Guy Hébert.

«On dit aux arrondissements qu'il faut se serrer la ceinture, qu'on n'a pas beaucoup d'argent, que nos budgets sont serrés. Et là, on apprend que le directeur général a un salaire de 300 000$, soit deux fois le salaire du maire et beaucoup plus que le premier ministre du Québec. Comment peut-on expliquer ça aux citoyens? Je trouve que c'est indécent», a lancé Anie Samson, porte-parole de Vision Montréal en matière de services aux citoyens et de relations avec les arrondissements et mairesse de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension.

Le maire Gérald Tremblay s'est refusé à toute comparaison entre le salaire des élus et celui du plus haut fonctionnaire municipal: «Les comparaisons sont boiteuses. Des experts ont évalué quel devait être le salaire d'une personne qui a la responsabilité de 23 000 employés et un budget de 4,7 milliards.»

Il a précisé que la décision se fondait notamment sur le salaire des directeurs généraux de Laval, de Longueuil et de Québec. Le maire a avancé devant le conseil municipal que la capitale envisage elle aussi d'offrir 300 000$ à son plus haut fonctionnaire.

L'opposition s'insurge

Vérifications faites auprès de la Ville de Québec, le directeur général, Alain Marcoux, touche actuellement 186 000$. S'il souhaite gagner autant que son homologue de Montréal, il devra attendre 2014 et remplir une série de critères prévus aux conditions de travail des cadres de la Ville. Le DG de Longueuil, Guy Benedetti, gagne quant à lui 192 910$.

Sans surprise, Vision Montréal a également manifesté mardi matin son désaccord quant à l'embauche de Guy Hébert, qui est entré en fonction dès mardi. L'opposition officielle avait déjà manifesté sa préférence pour Rachel Laperrière, qui assurait l'intérim depuis le 5 janvier, et ce, pour la deuxième fois depuis 2009. «À mérite égal, on aurait dû privilégier une candidature de l'intérieur», a indiqué la chef de l'opposition, Louise Harel.

Tout en vantant «la grande classe» de Rachel Laperrière, Projet Montréal a néanmoins appuyé la nomination de Guy Hébert. Après une enquête d'une semaine sur ses 31 années de service à la Ville, la deuxième opposition affirme ne pas «avoir entendu un seul commentaire négatif» à son sujet. «Force est de constater sa compétence. Ma foi, c'est peut-être l'homme qu'il faut à Montréal», a lancé Richard Bergeron.

Tremblay à la rescousse

Gérald Tremblay a indiqué que le choix du nouveau directeur général avait été difficile. Il a insisté sur les qualités de Rachel Laperrière, mais il a reconnu plus tard qu'il ne lui avait pas offert le poste. «J'ai beaucoup hésité parce que je ne voulais pas que ça devienne un débat entre la compétence et l'expérience d'une femme et d'un homme.»

Le maire a vanté l'expérience de Guy Hébert à la Ville de Montréal. «C'est une personne qui est à la Ville depuis une trentaine d'années. Il a gravité dans tous les services. Ça veut dire qu'il a une connaissance des services de la Ville et une connaissance pointue des personnes qui oeuvrent dans ces services», a souligné Gérald Tremblay.

Le maire a également souligné le fait que c'est sous l'administration de Guy Hébert que la Société d'habitation et de développement de Montréal a généré ses premiers revenus en 30 ans. «Tout le monde a ses forces et, dans ce cas, Guy Hébert a des forces au plan financier.» Un atout de taille pour sa candidature alors que Montréal tente de maîtriser l'augmentation de ses dépenses.

Le maire affirme avoir discuté avec Guy Hébert de son passé dans l'entourage de son ancien rival, Benoit Labonté. Le nouveau directeur général aurait nié avoir travaillé à le renverser lors des élections de 2009 alors qu'il dirigeait l'arrondissement de Ville-Marie. «Autant que je sache, il n'a jamais voulu faire de putsch avec Benoit Labonté contre le maire de Montréal», a indiqué Gérald Tremblay.