Devant les coûts galopants des régimes de retraite de ses employés, la Ville de Montréal veut redresser la barre. Le maire Gérald Tremblay a annoncé mercredi le lancement de négociations extraordinaires avec les syndicats afin d'obtenir d'importantes concessions.



«La Ville doit payer de plus en plus cher pour financer les régimes de retraite de ses employés, alors que plusieurs Montréalais ne disposent même pas d'un régime de retraite», a lancé le maire en conférence de presse.

Selon M. Tremblay, les régimes de retraite coûteront plus de 500 millions par année à la Ville à compter de 2012 si rien n'est fait. Cette somme représente plus de 10% du budget total de Montréal. «Nous devons agir maintenant», a-t-il prévenu.

L'augmentation de l'espérance de vie et les récentes crises financières aggravent la situation, selon l'Administration. La Ville devra débourser 438 millions en cotisations cette année. Ce chiffre va bondir pour atteindre 540 millions l'année prochaine, a averti le maire. Pour couvrir ces dépenses, il a évoqué des hausses de taxes de 4,5%.

«Le message qu'on veut envoyer, c'est que la capacité de payer des contribuables est arrivée à sa limite», a expliqué Gérald Tremblay.

L'administration Tremblay voudrait retrancher 50 millions par année au coût des régimes. Il demande donc aux employés de faire plusieurs concessions: repousser l'âge de la retraite, payer davantage de cotisations et supporter certains risques liés au marché plutôt que de recevoir des prestations déterminées.

Actuellement, la Ville paye en moyenne 70% des coûts, tandis que ses employés supportent le reste. Montréal voudrait ramener sa part à 50%.

Quant à l'âge de la retraite, Gérald Tremblay n'a pas précisé ses demandes.

«Tout le monde va être d'accord pour dire que ça n'a plus de sens, aujourd'hui, alors qu'on vit plus longtemps, de prendre sa retraite à 52 ans», a-t-il toutefois avancé.

La Ville a précisé que ses demandes ne visent que ses employés actuels et futurs. «Je veux rassurer nos employés: la Ville respectera ses obligations légales. Nous ne réduirons pas les acquis des retraités. Les aménagements proposés s'appliqueront uniquement pour le futur», a dit le maire.

Les syndicats disposés à négocier

Du côté syndical, on a précisé que les négociations avec la Ville avaient déjà commencé. «Non seulement on est ouverts aux négociations, mais on les a déjà commencées, a dit Marc Ranger, négociateur en chef du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal. Par contre, on est surpris de voir le maire sortir aujourd'hui sur la place publique et on déplore qu'il politise le dossier des régimes de retraite.»

«Si on veut politiser le dossier, on pourrait parler du nombre de maires à Montréal, on pourrait parler de BIXI, on pourrait parler de pas mal d'affaires», a-t-il ajouté, visiblement mécontent de la conférence de presse à grand déploiement orchestrée par l'entourage de Gérald Tremblay.

M. Ranger n'a pas voulu s'avancer sur l'objectif de 50 millions de l'administration Tremblay, pas plus que sur les trois concessions majeures qu'on demande à ses membres.

Le président de l'Association des pompiers de Montréal, Perry Bisson, estime quant à lui que le maire fait du sensationnalisme en laissant planer des hausses de taxes. «C'est démagogique, c'est alarmiste, a-t-il dit. C'est une façon de dire aux citoyens que les employés municipaux ont des conditions de travail avantageuses. On a des conditions de travail négociées, signées. Ce n'est pas en nivelant par le bas qu'on va améliorer les conditions de vie de l'ensemble des citoyens.»

Que fera Gérald Tremblay si les syndicats se braquent? Le maire n'a pas voulu s'avancer et s'est borné à dire qu'il préfère «une solution négociée» avant 2012.

Un enjeu majeur pour les municipalités

La Ville de Montréal n'est pas la seule aux prises avec les coûts croissants de régimes de retraite dont les conditions n'ont pratiquement pas changé depuis 30 ans. C'est le cas de presque toutes les municipalités du Québec.

«Gérald Tremblay a raison, a dit mercredi le président de l'Union des municipalités du Québec, Éric Forest. C'est un enjeu majeur pour les municipalités, ça fait l'objet d'une grande préoccupation. Plusieurs membres vont devoir s'asseoir avec les unités syndicales pour trouver des solutions matures, afin d'assurer la pérennité des régimes.»

«On taxe des gens qui, pour la plupart, n'ont pas de régime de retraite, a-t-il ajouté. Il s'agit d'une question de société extrêmement importante.»