Les Montréalais semblent avoir eu la piqûre des ruelles vertes: alors que les beaux jours arrivent, certains arrondissements sont inondés de requêtes de citoyens et ne peuvent tout simplement pas répondre à la demande.

Le cas le plus aigu est celui de Rosemont-La Petite-Patrie, où 20 groupes de citoyens ont fait des demandes pour que leur ruelle soit verdie. Pour ne pas grever son budget, l'arrondissement ne pourra accéder qu'à 10 de ces requêtes cet été.

C'est ce qu'a expliqué hier le maire de l'arrondissement, François Croteau, durant une conférence de presse au cours de laquelle un nouveau projet de ruelle verte a été dévoilé. La ruelle qui sépare l'avenue De Châteaubriand et la rue De Saint-Vallier sera verdie entre la rue Beaubien et le boulevard Rosemont. L'objectif : vaincre un des pires îlots de chaleur de la métropole.

La section de 600 m sera réaménagée au coût de 500 000$. L'asphalte sera retiré et remplacé par de la terre, du gazon et des arbres. Des plates-bandes permettront aux résidants de jardiner. Les voitures pourront toujours circuler, comme dans la grande majorité des ruelles vertes montréalaises.

Mais l'arrondissement a dû faire des choix difficiles, et plusieurs autres projets ont été remis. La situation est similaire dans le Plateau-Mont-Royal, qui fait figure de pionnier à Montréal en matière de ruelles vertes: il en compte actuellement 52.

Mais dans le Plateau aussi, les requêtes de citoyens se sont multipliées dans les dernières années. Actuellement, 12 groupes de citoyens demandent qu'autant de ruelles soient verdies. «Et on a 10 autres demandes de personnes qui, sans être organisées en groupe, demandent une ruelle verte derrière chez elles», précise le porte-parole de l'arrondissement, Michel Tanguay. Mais le Plateau non plus ne sera pas en mesure d'accéder à toutes les demandes cette année. Seules cinq ruelles seront réaménagées.

Des balises

Dans Villeray-Parc-Extension, où une nouvelle ruelle verte a été inaugurée l'an passé, la demande est moins forte. Deux groupes de citoyens ont fait des requêtes à l'arrondissement. Mais la mairesse croit que le nombre va augmenter dans les prochaines années. Pour se préparer, on est à établir un cadre pour le traitement des demandes.

«Il y a une mode en ce moment, c'est certain, explique Anie Samson. Mais il faut établir des balises. C'est un phénomène tout nouveau et il faut bien faire ça.»

Dans tous les arrondissements, les citoyens sont tenus d'entretenir la ruelle une fois que l'arrondissement l'a aménagée. Il faut couper le gazon, entretenir les plate-bandes et soigner les arbres. Parmi les plus vieilles ruelles vertes à Montréal, certaines ont été abandonnées et sont désormais en mauvais état. À Villeray, on veut donc s'assurer que cela ne se produira pas.

«On envisage de faire signer un contrat aux citoyens qui demandent une ruelle verte, dit Mme Samson. Il faut qu'ils s'en occupent. On reconnaît l'importance des ruelles vertes pour lutter contre les îlots de chaleur, mais on reste très prudent pour l'instant.»