Quelque part dans un cimetière de Montréal se trouverait la dépouille d'un poupon dont l'identité aurait été utilisée par l'un des 11 présumés espions russes arrêtés aux États-Unis dimanche.

Cette dépouille est celle de Donald Heathfield, mort en mars 1963, quelques semaines après sa naissance. Il a été enterré auprès de ses arrière-grands-parents, non loin du boulevard Décarie, dans les environs de Notre-Dame-de-Grâce.

 

C'est du moins ce dont se souvient son frère, David Heathfield, 51 ans, qui vit aujourd'hui en Ontario. «Si les hypothèses sont exactes et que c'est bien son identité qui a été utilisée, le plus plausible est qu'ils aient pris les informations concernant mon frère dans l'avis de décès publié dans The Gazette», a-t-il expliqué à La Presse.

Des quatre accusés qui se disent canadiens, au moins deux ont dit à leur entourage qu'ils étaient originaires de Montréal. Selon un site web spécialisé en immobilier et que des médias de Boston ont consulté, la conjointe de Donald Heathfield, Tracey Lee Ann Foley, disait être née à Montréal, et avoir été éduquée en Suisse, en France et au Canada.

Le Boston Globe a décrit ainsi la réaction d'un collègue de M. Heathfield: «Le Heathfield qu'il connaissait était canadien-français, avec une mère à Montréal.»

Accusations de complot

Réel ou de façade, le couple de «Montréalais» est maintenant accusé de complot pour avoir agi en tant qu'agents non enregistrés d'un gouvernement étranger et de complot pour blanchiment d'argent. Les deux présumés agents du SVR, les services secrets russes, auraient depuis plusieurs années reçu et envoyé des messages cryptés, notamment sur le changement de garde à la CIA et sur les élections américaines de 2008. Ils auraient aussi conservé dans un coffre-fort près de l'Université Harvard un acte de naissance ontarien au nom de «Donald Howard Graham Heathfield», que la plainte déposée par le département de la Justice identifie comme le père de Donald Heathfield.

Dubitatif

Vraie ou non, toute cette histoire laisse David Heathfield perplexe. Hier après-midi, il n'avait toujours pas eu de nouvelles des autorités, canadiennes ou américaines, pour lui permettre d'y voir plus clair. «J'aimerais qu'ils m'appellent, pour savoir comment ça va avoir un impact sur notre nom et comment ils ont pu avoir ces informations», a-t-il indiqué.

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