Deux ans après l'effondrement du viaduc de la Concorde, où cinq personnes ont été tuées et six autres blessées le 30 septembre 2006 à Laval, le syndic de l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) enquête toujours sur les actes posés par plusieurs de ses membres, en relation avec cette affaire.

Le président de l'OIQ, l'ingénieur Zaki Ghavitian, a affirmé lundi que l'enquête pourrait connaître son dénouement «d'ici trois ou quatre mois». Il a évidemment refusé de spéculer sur ses conclusions. Il s'agirait selon lui de la plus importante enquête jamais menée au Québec par un ordre professionnel.

 

L'importance de l'événement et la difficulté d'enquêter sur des actes et des décisions professionnelles remontant à 40 ans ont entraîné des exigences de recherches particulières, pour évaluer le travail des nombreux ingénieurs ont participé de près ou de loin à la conception, la construction et l'entretien du viaduc effondré.

Selon M. Ghavitian, des efforts exceptionnels ont été mis en place pour améliorer la sécurité du public sur les routes du Québec depuis deux ans. Des centaines de ponts sont en chantier. Des milliards de dollars d'investissement sont projetés, pour plusieurs années d'avance, pour l'amélioration des routes et des ouvrages d'art.

De plus, le MTQ a mené une vaste opération d'inspection sur les types de ponts identifiés comme potentiellement vulnérables.

«En ce sens, la sécurité du réseau routier s'est certainement améliorée, conclut-il, mais nous ne sommes pas à l'abri d'autres incidents fâcheux. On a surestimé la durée de vie de certaines de nos infrastructures. On a négligé de les entretenir.»

Les Québécois craintifs

Selon le CAA-Québec, qui qualifie le phénomène de «syndrome de la fissure», la confiance des Québécois envers la sécurité de leur réseau routier n'est pas encore rétablie. À titre d'exemple, Roxanne Héroux, porte-parole du chapitre québécois de cette association automobile, raconte qu'on voit encore fréquemment des automobilistes prendre leur distance avec le véhicule qui les précède, lors de ralentissements de la circulation, parce qu'ils ne veulent pas immobiliser leur automobile sous un pont d'étagement.

En mai dernier, dit Mme Héroux, un sondage Harris-Decima mené pour le compte du CAA auprès de 1340 personnes (membres ou non-membres du club automobile) d'un bout à l'autre du Canada, a d'ailleurs révélé que les Québécois demeurent, de tous les Canadiens, ceux qui craignent le plus pour leur sécurité sur les routes.

Le sondage demandait aux répondants s'ils considéraient que l'état de leur réseau routier constituait une menace à leur sécurité, en proposant trois réponses pour qualifier cette menace: aucune, faible, ou sérieuse.

«Quarante-deux pour cent des Québécois ont répondu qu'ils estimaient que l'état de leurs routes représentait une menace sérieuse pour leur sécurité, afirme la porte-parole du CAA-Québec. C'est presque une personne sur deux. La moyenne des autres provinces oscillait entre 20% et 30%. Seuls les automobilistes du Manitoba s'approchaient du Québec, à 40%.»

Du personnel, pas d'agence

Pour sa part, la présidente du Syndicat de la fonction publique, Lucie Martineau, a déclaré hier qu'elle ne croyait plus le ministère des Transports lorsque ses dirigeants affirment que le réseau routier est bien en main.

«Je n'y crois pas en tant que simple citoyenne, et je n'y crois pas non plus en tant que dirigeante syndicale», affirme-t-elle, en estimant à plus de 600 le nombre des nouveaux professionnels, techniciens et manoeuvres qui seraient requis pour satisfaire aux besoins d'effectifs du MTQ de «l'après-Concorde».