Le maire de Drummondville et président de l'Union des municipalités du Québec, Alexandre Cusson, estime qu'il serait « inacceptable » que les gouvernements du Québec et du Canada financent le futur Réseau express métropolitain (REM) sans exiger que ce train léger puisse cohabiter avec le train à grande fréquence (TGF) de VIA Rail dans le tunnel du mont Royal.

Lors d'un panel de discussion public hier à Montréal, le maire Cusson a estimé que le projet de VIA Rail avait réussi « pour la première fois » à rallier les villes et les gens d'affaires des deux rives du Saint-Laurent autour d'un projet de liaison ferroviaire rapide entre la Vieille Capitale et la métropole du Québec.

Dans ce contexte, il estime que « ça n'aurait aucun sens, mais vraiment aucun sens » si ce projet de 4 milliards devait échouer en raison de l'impossibilité d'emprunter ce tunnel de plus de cinq kilomètres, creusé il y a 100 ans.

Le tunnel sous le mont Royal est une infrastructure ferroviaire vitale. Il permet de relier le nord de la métropole à la gare Centrale, en plein coeur du centre-ville de Montréal. Il est actuellement utilisé par deux trains de banlieue.

LE NOMBRE DE TRAINS MULTIPLIÉ PAR CINQ

Depuis des décennies, tous les projets de liaison ferroviaire rapide entre Québec et Montréal prévoient que les trains circulant sur la rive nord du fleuve rejoindront le centre-ville de Montréal en passant dans ce tunnel.

Avec l'implantation du REM, la Caisse de dépôt et placement prévoit toutefois que le nombre de trains qui y circulent quotidiennement sera multiplié par cinq. À l'origine, il y a deux ans, lorsque la Caisse a proposé son réseau de train électrique de 67 kilomètres, elle estimait que l'usage du tunnel du mont Royal devrait être réservé au REM.

En février dernier, le président de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, a ouvert la porte à une éventuelle cohabitation avec le TGF, en ajoutant que la technologie nécessaire pour la rendre sécuritaire n'existait pas encore.

UNE CONDITION AU FINANCEMENT

Hier, le maire de Drummondville a estimé que la cohabitation entre ces deux trains devrait être une condition au financement public du REM.

« Je pense que Québec et Ottawa, qui mettent de l'argent là-dedans [le REM], doivent mettre leurs culottes et dire [à la Caisse de dépôt] que l'argent va sortir si vous trouvez une solution. Parce que la solution existe ailleurs dans le monde, il faut qu'elle existe ici. Si ça ne fonctionne pas, c'est qu'il y a de la mauvaise volonté », a-t-il affirmé.

Le vice-président du comité exécutif et responsable des infrastructures à la Ville de Montréal, Sylvain Ouellet, a renchéri en disant que si le train de VIA ne peut pas y circuler, « on n'aura jamais l'argent pour percer un autre tunnel sous le mont Royal. Un tunnel de 5,5 kilomètres, ça coûte cher à construire. Et essayer de construire des rails quelque part dans Montréal pour le TGF, ce serait extrêmement compliqué ».