Le procès civil intenté par l'ancien maire de Saint-Constant Gilles Pepin, qui réclame à sa municipalité le remboursement de ses frais d'avocat dans une cause criminelle, a tourné à la foire d'empoigne mercredi après-midi au palais de justice de Longueuil.

La cause est présidée par le juge de la Cour supérieure Kirkland Casgrain, qui s'est emporté à plusieurs reprises, interrompant le témoin pour modifier les réponses de celui-ci. Le juge Casgrain a refusé que l'enquêteur de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) Pierre-Luc Brisson dise qu'il avait des motifs raisonnables de croire que Gilles Pépin avait notamment commis un abus de confiance. «Vous croyez», a-t-il tonné. 

L'enquêteur Brisson a insisté pour redire ce qu'il avait déclaré sous serment. Mais le juge a répété que, selon lui, M. Brisson ne pouvait en être certain et donc, il retenait qu'il «croyait avoir des motifs».

Et de toute façon, le juge a martelé que le témoignage ne lui apparaissait «pas pertinent». «Où est-ce qu'on s'en va? Le processus d'enquête ne m'intéresse pas», a affirmé le juge.

Or, les quelques minutes du témoignage du policier ont permis d'apprendre qu'un volet de l'enquête appelée Projet Hydre n'est pas terminé. 

Du coup, le juge s'est enflammé et a pris à partie l'avocate représentant la Ville de Saint-Constant, Catherine Rousseau. Cette dernière a tenté de rappeler que même si les accusations contre M. Pepin ont été retirées en 2015, cela «n'équivaut pas à un acquittement». 

«Il est évident que votre idée est déjà faite, a affirmé Me Rousseau en s'adressant au juge. Je vous demande respectueusement de me laisser présenter la preuve.»

Après un laborieux débat, un moment de silence a permis au témoin de poursuivre ses explications. Mais lorsque l'enquêteur Brisson a mentionné une décision du 15 mars dernier de la Cour suprême relativement à l'enquête Hydre, le juge est sorti de ses gonds. Il a sermonné Me Rousseau et exigé d'avoir ce jugement ainsi que celui du tribunal inférieur.

L'audience a été suspendue pour permettre la production des décisions. 

Rappelons que l'ancien maire de Saint-Constant a été arrêté et accusé en 2013 avec quatre autres individus. Deux ans plus tard, les accusations ont été retirées. M. Pepin estime avoir droit au remboursement de quelque 100 000$ d'honoraires.