Régis Labeaume a reçu lundi un appui de taille pour son projet de tramway : la Coalition avenir Québec (CAQ) s'est ralliée, malgré certaines réserves, au projet présenté vendredi en grande pompe.

« C'est un très beau projet. C'est un projet futuriste, moderne, qui dessert, comme on l'avait demandé, les banlieues de Québec », a réagi le chef de la CAQ, François Legault.

M. Legault, qui a pris la fin de semaine pour réfléchir avant de se prononcer, déplore toutefois que le gouvernement de Philippe Couillard n'ait pas « exercé son leadership pour arrimer le projet avec le transport en commun à Lévis et avec le projet de troisième lien ».

Le conseil municipal de Lévis a d'ailleurs voté une résolution unanime lundi réclamant d'inclure dans le projet structurant de Québec la connexion entre les deux rives.

La CAQ s'est tout de même engagée elle aussi à financer le projet si elle était élue, à hauteur de 60 % des coûts estimés à 3 milliards - comme l'a promis vendredi Philippe Couillard.

« On est très conscients que ce qu'on dit ne plaira pas dans un premier temps à des gens qui seraient favorables à la CAQ. En même temps, je pense que comme élus, on a le devoir de faire connaître notre opinion », a dit Éric Caire, député de la CAQ de la région de Québec.

« On a pris le temps d'y réfléchir, on n'a pas réagi à chaud vendredi [et] on en arrive à la conclusion que bien que perfectible, le projet est intéressant. »

La CAQ ne soutient pas Jean-François Gosselin dans sa demande de référendum sur le tramway. Le chef de l'opposition officielle à Québec a réitéré sa requête lundi, se proposant même pour mener le camp du Non.

Mais M. Gosselin et Stevens Melançon - qui forment à eux deux l'opposition officielle de Québec 21 - sont les seuls élus à exiger un référendum. Même les députés conservateurs de la grande région de Québec se sont abstenus lundi d'en faire la demande dans un communiqué conjoint.

« Les gens de l'opposition officielle sont complètement isolés à l'heure actuelle », soutient Régis Labeaume.

LABEAUME A-T-IL VIRÉ CAPOT ?

Mais isolé ou pas, M. Gosselin n'en démord pas. Selon lui, les citoyens doivent être consultés, car Régis Labeaume a maintenu un flou sur son projet lors de la dernière campagne électorale. En guise de preuve, il a rappelé que le maire, en plein débat télévisé, s'était déclaré l'automne dernier « contre un projet de tramway en Haute-Ville », comme le préconisait la chef de Démocratie Québec, Anne Guérette.

« Monsieur Labeaume s'est fait élire quatre fois à la mairie de Québec et deux fois sur quatre, il s'était opposé au tramway », a dit Jean-François Gosselin, chef de l'opposition à Québec.

« Le projet de Démocratie Québec, j'étais contre parce que ce n'était qu'en Haute-Ville. J'ai été cohérent toutes ces années-là », s'est défendu le maire, qui avait promis lors de la dernière campagne un système de transports en commun structurant qui desservirait aussi les banlieues, sans le détailler.

Véronyque Tremblay, ministre déléguée aux Transports, a défendu M. Labeaume lundi sur les ondes de LCN. Selon elle, il est vrai que M. Labeaume n'a « pas été précis sur le type de projet structurant ». Mais elle estime que ses électeurs « savaient qu'ils votaient un peu pour un chèque en blanc ». « Oui, un projet structurant. Lequel ? Ils ne le savaient pas, et le maire avait dit bien, on va le faire savoir, dans le fond, après l'élection », a expliqué la ministre libérale.

VIFS DÉBATS AU CONSEIL MUNICIPAL

Le maire a profité de la séance du conseil municipal, lundi soir, pour livrer un plaidoyer d'une quinzaine de minutes en faveur de son projet de transports en commun structurant, avec ses 23 km de tramway, 17 km de trambus et l'ajout de voies réservées.

« Toutes les villes de 500 000 personnes et plus en Occident et ailleurs ont les mêmes problèmes. On habite sur la même planète. Notre système de transports en commun est complètement désuet. C'est un système qui a été rabouté au fil des ans », a dit Régis Labeaume, maire de Québec.

Le maire s'est défendu de mener une guerre à l'automobile, comme l'accuse de faire M. Gosselin. Il a promis que seulement 1,7 km de voies sera retiré aux automobiles.

M. Labeaume a rappelé qu'entre 2005 et 2016, 100 000 nouvelles voitures avaient été immatriculées à Québec et qu'à ce rythme, la congestion ne ferait qu'empirer.

« On dit qu'une sous-compacte coûte au total chaque année 8000 $ après impôts. Peut-être qu'il y a des familles qui vont décider qu'une voiture, c'est suffisant », a lancé le maire.

Jean-François Gosselin n'a pas paru convaincu. Invoquant les prétendus risques des dynamitages pour les maisons de la Haute-Ville, ceux de la neige pour le fonctionnement du tramway ou encore de possibles dépassements de coûts, M. Gosselin a pris les élus du conseil municipal à témoin.

« J'aimerais que vous leviez la main, a commencé le chef de l'opposition en s'adressant aux élus. Je vous pose la question : qui va vendre sa voiture ici pour prendre le tramway ? »

Manifestement excédé, Raymond Dion, conseiller d'Équipe Labeaume, s'est porté à la défense du tramway. « Il y a des gens à Québec qui voient petits, qui vivent encore dans les années 60 et pour le tout-à-l'auto. Moi, je suis découragé. »