Les élus et résidants de la région des Hautes-Laurentides qui attendent depuis sept ans un réaménagement de la route 117 entre Labelle et Mont-Laurier sont « très déçus », « frustrés » ou carrément en colère d'être encore les « éternels oubliés » du ministère des Transports du Québec.

Dans le cadre de sa tournée de toutes les régions du Québec, le ministre André Fortin a levé le voile hier sur une programmation de travaux routiers de près de 150 millions dans les Laurentides, qui ne prévoit presque rien pour ce segment de route où 26 personnes ont trouvé la mort et 37 autres ont été gravement blessées en six ans.

Pierre Flamand, maire de la municipalité de Lac-des-Écorces et président du comité local SOS 117, a promis hier « qu'on va faire du tapage » afin de forcer le gouvernement du Québec à mettre en branle un projet de réaménagement de 200 millions annoncé en 2011 par l'ex-ministre libéral Norm MacMillan, et mis de côté depuis.

« On nous a promis le dépôt d'une étude sectorielle pour l'élargissement de la route à quatre voies entre Labelle et Rivière-Rouge pour le mois de mars. Là, on nous reporte ça à l'automne. Et à l'automne, on va se faire dire qu'on s'en va en élections, et qu'il faut reporter ça au printemps suivant. C'est une vraie risée », déplore le maire Flamand.

« J'ai laissé des messages au directeur régional du Ministère et au cabinet du ministre. On ne m'a même pas retourné mes appels. Ça ne se passera pas comme ça. Je suis vraiment hors de moi », dit-il.

Le député péquiste de Labelle, Sylvain Pagé, qui avait cofondé le comité SOS 117 il y a presque 15 ans, est moins étonné de l'absence de toute référence à un éventuel réaménagement de la route 117 dans la programmation 2018-2020 du Ministère pour les Laurentides. Il s'est dit prêt à attendre. Mais jusqu'au mois prochain, pas plus.

« Il y a au moins un segment du projet, entre Rivière-Rouge et Lac-des-Écorces, qui serait prêt à mettre en chantier, a dit le député, joint par La Presse hier. Je trouve ça tellement gros qu'il n'y ait absolument rien sur l'ensemble du projet de la 117 que je suis prêt à laisser la chance au coureur. »

« Selon moi, ajoute-t-il, le ministre se réserve une annonce globale pour plus tard, au printemps. Si je me trompe, on serait non seulement déçus et fâchés, mais la population des Hautes-Laurentides au complet serait carrément insultée. Ça fait des années qu'on attend que le Ministère réalise ce que le ministre MacMillan nous a promis en 2011. Mais ce matin [hier], je ne vois aucune indication en ce sens. »

DIGNE DES ANNÉES 50

Le 2 janvier dernier, Louise Paquet, 71 ans, a perdu la vie dans une violente collision frontale à Labelle. Sa nièce, qui conduisait le véhicule, a été gravement blessée. Elle souffre toujours de séquelles neurologiques qui l'empêchent de reprendre le travail, explique son conjoint, Marc Coiteux.

Dans une lettre ouverte publiée à la mi-janvier, M. Coiteux a lancé un cri d'alarme qui a résonné jusqu'à Québec, où le ministre Fortin s'est engagé à donner suite « rapidement » au projet de réaménagement de la route 117, annoncé en 2011, et mis de côté depuis 2014.

« Qu'est-ce que ça veut dire, "rapidement", pour le ministre des Transports ? Pour moi, ça voulait dire avant la fin de son mandat, le 1er octobre, a écrit Marc Coiteux. La mise à jour des études, ça ne devrait pas prendre l'éternité. Les données sont connues depuis 2011. Si le gouvernement ne se commet pas d'ici la fin de la session parlementaire, il n'y en aura pas d'élargissement de la 117. »

Le segment de la route 117 d'environ 65 km, entre Labelle et Mont-Laurier, a été aménagé dans les années 50. Sa géométrie, ses pentes prononcées, ses trop nombreuses courbes et ses deux voies de circulation étroites (une par direction) ne répondent plus aux normes modernes de conception routière.

Pourtant, cette route fait partie de la Transcanadienne et est un passage obligé entre Montréal et l'Abitibi. Près de 10 000 véhicules, en moyenne, y circulent chaque jour. Mais en été, et particulièrement durant la saison de la chasse à l'automne, « on a des pointes jusqu'à 15 000 véhicules par jour à Lac-des-Écorces, dont 20 % de camions », affirme le maire Pierre Flamand.

Selon les données de la Société de l'assurance automobile du Québec, on y a enregistré plus de 1800 accidents, qui ont fait 26 morts, 37 blessés graves et environ 500 blessés légers entre 2010 et 2016.

Investissements routiers 2018-2020

PLUS DE 60 MILLIONS D'INVESTISSEMENTS À LAVAL

Le ministre André Fortin a également dévoilé hier la programmation routière 2018-2020 pour la région de Laval. Voici les principaux projets.

AUTOROUTE 13 Réfection du pont Louis-Bisson, au-dessus de la rivière des Prairies (entre 5 et 10 millions)

AUTOROUTE 15 Asphaltage des voies de desserte nord et sud entre le boulevard Cartier et l'autoroute 440 (moins de 1 million par direction)

AUTOROUTE 440 Asphaltage entre l'autoroute 13 et la route 117 (entre 1 et 5 millions)

ROUTE 125 Réfection de l'égout pluvial entre les boulevards Saint-Martin et Concorde (entre 1 et 5 millions)

149 MILLIONS POUR LA RÉGION DES LAURENTIDES

Principaux projets : 

SAINTE-ADÈLE Reconstruction du pont au-dessus de la rivière aux Mulets (entre 10 et 25 millions)

SAINTE-ANNE-DES-PLAINES Réaménagement de l'intersection du rang Lepage et de la route 335 (entre 1 et 5 millions)

BOIS-DES-FILION Réaménagement de l'intersection du boulevard Industriel et de la route 335 (entre 1 et 5 millions) | Aménagement d'une bretelle d'accès entre la rue Henry-Bessemer et l'autoroute 640 (entre 1 et 5 millions)

RIVIÈRE-ROUGE Réaménagement de l'intersection du chemin du Parc-Industriel et de la route 117 (amorcé en 2017, entre 1 et 5 millions)

Source : ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports