Le diocèse de Québec promet de rehausser son niveau de vigilance après qu'une église de la Vieille Capitale a accueilli - sans le savoir - un rassemblement d'extrême droite.

Storm Alliance, un groupe identitaire anti-immigration, a fêté son premier anniversaire d'existence dans le sous-sol de l'Église Saint-Rodrigue, en Basse-Ville, samedi dernier. Plusieurs des participants portaient les couleurs du groupe.

«La paroisse n'était pas au courant de l'identité du groupe. C'est une personne individuelle qui a réservé pour une rencontre collective. La personne en charge des réservations pensait que c'était pour une rencontre amicale ou familiale», a rapporté Mgr Marc Pelchat, vicaire général du diocèse. 

Il a indiqué que l'idéologie du groupe «n'était pas en accord avec nos valeurs». «Ça nous rend inconfortables. Nous ne voulons pas donner l'impression que nous appuyons ces groupes identitaires», a-t-il dit.

Marie-Pier Dumas, une militante de Storm Alliance qui habite la paroisse, n'aurait jamais précisé l'identité du groupe pour lequel elle réservait. «Je le déplore», a continué Mgr Pelchat. 

Storm Alliance revendique plusieurs centaines de militants identitaires. Le groupe a organisé une grande manifestation à l'automne dernier avec La Meute et a aussi protesté à la frontière canado-américaine.

«Comme un groupe de quilles»

Selon des publications sur les réseaux sociaux, plusieurs dizaines de personnes ont participé au rassemblement de samedi soir. Mme Dumas a laissé entendre sur sa page Facebook que 100 personnes avaient confirmé leur venue.

Parmi les participants se trouvait David Treggett, le fondateur de Storm Alliance qui a récemment démissionné de la tête du groupe. Il a fait l'objet d'allégations selon lesquelles il envoyé des textos déplacés à une militante.

Joint par La Presse, M. Treggett a défendu le droit de Storm Alliance de se rassembler. «On est un groupe citoyen comme un groupe de quilles ou peu importe», a-t-il dit hier au téléphone. L'homme a ajouté ne pas être au courant des détails de la réservation de la salle.

Le président démissionnaire a référé La Presse à son successeur, Éric Trudel. Ce dernier n'a toutefois pas rappelé La Presse. Marie-Pier Dumas, au nom de laquelle la réservation a été effectuée, n'a pas non plus rappelé.

«S'assurer que ça ne se reproduise pas»

Au diocèse de Québec, on indique qu'on ouvrira l'oeil, mais qu'il demeure difficile de s'assurer que les réservations de salle ne sont pas détournées de leur usage annoncé.

«On veut s'assurer que ça ne se reproduise pas», a indiqué Mgr Pelchat. «On avertit les gens dans les paroisses qui ont des locaux à louer d'être peut-être plus vigilants maintenant sur l'identité des personnes qui demandent une location, sur les motifs et sur les groupes qu'ils représentent.»

«Nos valeurs sont des valeurs d'ouverture, d'ouverture à l'autre, d'ouverture à l'étranger», a ajouté le prélat.

Selon Steve Guérard, le responsable des réservations de salles à l'église Saint-Rodrigue, aucun incident n'est venu émailler la soirée de samedi.

«Je ne sais pas quels sont les propos qui ont été tenus», a-t-il rapporté.