Le réseau des trains de banlieue pète de partout depuis le début de la nouvelle année. Les retards se multiplient, des trains sont annulés ou raccourcis, des passagers attendent dans des trains immobilisés en raison d'aiguillages défectueux. Le réseau « vit un début d'année éprouvant », a reconnu hier le Réseau de transport métropolitain (RTM), dans un avis à sa clientèle.

Fin de journée chaotique

Depuis le 1er janvier, en deux semaines à peine, le RTM a enregistré pas moins de 309 retards sur ses six lignes de train. Cela signifie qu'en moyenne, une vingtaine de départs sont retardés ou annulés chaque jour sur le réseau. 

Hier encore, le RTM a vécu une fin de journée chaotique lorsque des « problèmes mécaniques » de nature indéterminée ont cloué à quai des trains en partance pour Saint-Jérôme et Deux-Montagnes, en pleine heure de pointe.

Sur la ligne de Deux-Montagnes, la plus fréquentée du réseau, le train de 15 h en direction de la banlieue a été annulé. Et à 16 h 15, celui au départ de la Gare centrale pour Roxboro/Pierrefonds a été raccourci à huit voitures au lieu de dix. Les trains raccourcis sont fréquents sur la ligne tout électrique de Deux-Montagnes.

Pendant ce temps, à la gare Lucien-L'Allier, le train de 16 h 05 en partance pour Saint-Jérôme a aussi été annulé. Le train suivant, à 16 h 35, a été retardé. Sur un autre quai, le train pour Candiac, sur la Rive-Sud, a accusé du retard, pour des raisons non précisées.

La faute aux « conditions extrêmes »

Dans son avis à la clientèle, hier, le directeur aux opérations du RTM Stéphane Lapierre attribue principalement aux « conditions météorologiques extrêmes » les pannes en série des deux dernières semaines. Selon les données du RTM, 81 % des 309 retards que les usagers ont dû subir, depuis le 1er janvier dernier, seraient liés aux conditions météo.

« Les grands écarts de température, le mélange persistant de fortes bourrasques de vent, de froid et d'importantes accumulations de neige ont eu un impact majeur sur le bon déroulement de nos opérations en déclenchant toute une série de problèmes sur notre matériel roulant et sur les infrastructures », écrit M. Lapierre dans son avis.

La météo des derniers jours a « mis au défi les infrastructures ferroviaires du RTM et celles entretenues par leurs propriétaires, le CN et le CP. Des aiguillages, même s'ils sont chauffés automatiquement, ont gelé en raison de forts vents qui repoussaient constamment la neige sur les rails. Bien que les aiguillages soient déneigés régulièrement, les équipes de train devaient tout de même les manipuler manuellement, une manoeuvre qui peut prendre jusqu'à 20 minutes ».

Sous la cible

La défunte Agence métropolitaine de transport (AMT), qui a précédé le RTM dans la direction du réseau de trains de banlieue de Montréal, s'est longtemps targuée d'exploiter les trains de banlieue les plus ponctuels en Amérique du Nord, avec un taux de 95 % de ses trains à l'heure, ou plus. En 2017, avec la mise en place du RTM, le réseau de trains de banlieue de la métropole a conservé ce taux global de 95 % des trains à l'heure, mais plusieurs lignes ont souffert de retards plus fréquents que d'habitude, depuis l'été dernier.

C'est le cas de la ligne de train de Mont-Saint-Hilaire, jadis la plus ponctuelle de tout le réseau, où la moyenne mensuelle n'a pas franchi une seule fois la barre « cible » des 95 % depuis juillet dernier. Pour sa part, la ligne de train de Mascouche a franchi cette cible une seule fois dans les six derniers mois de 2017.

Depuis septembre dernier, le taux de ponctualité de l'ensemble du réseau du RTM a lui aussi dépassé la cote de 95 % une seule fois, en octobre.

Bombardier « en apprentissage »

D'aucuns ont attribué ces performances mitigées au nouvel opérateur, Bombardier, qui a pris en charge le fonctionnement de tout le réseau en juillet dernier. Le RTM assure de son côté que « si certains retards peuvent être attribués à la courbe d'apprentissage des nouvelles équipes de trains de Bombardier, ce n'est pas le cas pour la majorité ».

Les équipes de trains, écrit le RTM, « ont été formées et sont encore en apprentissage pour certaines d'entre elles. Le RTM effectue de nombreux suivis auprès de Bombardier afin d'assurer le maintien de la qualité du service ».

« Nos équipes et partenaires de services travaillent jour et nuit, redoublent d'efforts, et continuent d'être à pied d'oeuvre afin d'assurer la bonne exécution de notre plan d'action hivernal », conclut le RTM.

Un début d'année pénible

• 309 retards depuis le 1er janvier

• 81 % des retards causés par la météo

• 95 % des trains sont à l'heure... habituellement