L'effet Labeaume opère encore à Québec. Dix ans après sa première élection, Régis Labeaume a remporté hier un quatrième mandat, cette fois-ci avec 55 % des voix. Le maire pourra compter sur une forte majorité, avec sous sa bannière 17 des 21 conseillers du conseil municipal.

Le suspense n'aura pas été long. Seulement huit minutes auront suffi après la fermeture des bureaux de vote, à 20h, pour entendre des cris de joie à la réunion d'Équipe Labeaume. La victoire du maire sortant était évidente dès les premiers dépouillements.

« Après 10 ans, avoir entre 50 et 60 %, c'est fantastique. Il y a beaucoup de politiciens qui rêveraient d'avoir 55 % », s'est félicité le politicien.

L'homme perdait toutefois un allié de taille au bout de l'autoroute 20 avec la défaite de Denis Coderre. « Je vais féliciter Mme Plante, elle a fait une campagne extraordinaire. Vous comprendrez que Denis, je suis extrêmement triste pour lui », a dit M. Labeaume.

« Ce n'est rien contre Mme Plante... Mais avec Denis, on a quand même fait des batailles ensemble. Ça doit être extrêmement triste pour lui. Quand on a un compagnon qui s'en va comme ça, surtout qu'il perd, c'est triste.

« Mais Mme Plante a l'air visiblement d'une femme très intelligente et enthousiaste, alors on va collaborer sans aucun souci », a ajouté le maire de Québec.

Priorité au transport en commun

Jean-François Gosselin, qui espérait doubler M. Labeaume par la droite et faire de cette élection « un référendum sur le SRB », reçoit 28 % des votes. Le chef de Québec 21 a réussi à aller chercher deux sièges à l'hôtel de ville, dont le sien.

Mais M. Gosselin a failli être exclu du conseil municipal. Dans Beauport, sa colistière l'a emporté par seulement 69 voix contre la candidate d'Équipe Labeaume.

Jean-François Gosselin n'a pas voulu concéder hier que le projet de Service rapide par bus (SRB) avait remporté le référendum. « Je ne laisserai pas passer ça. On va tout faire pour que ça ne passe pas, a dit le nouveau chef de l'opposition. Je continue à croire que ce n'est pas un bon projet pour Québec et je suis convaincu que les conseillers d'Équipe Labeaume pensent comme moi. »

Anne Guérette, de Démocratie Québec, récolte quant à elle 15 % des voix. Il s'agit d'une déception pour celle qui était chef de l'opposition à l'hôtel de ville. Hier soir, la politicienne a laissé planer le doute sur son avenir en politique.

Son colistier a été élu, le seul siège remporté par son parti. Mais Mme Guérette a expliqué avoir besoin de quelques heures afin de décider si elle prenait le poste de conseillère pour les quatre prochaines années ou se retirait. Elle devrait l'annoncer aujourd'hui.

Régis Labeaume a été limpide quant à sa première priorité : doter Québec d'un système de transport en commun structurant. « On a été assez clairs sur le projet de transport structurant, on n'a pas fait de cachette à personne, on a dit aux gens où on s'en allait, a lancé le maire. La réponse est très claire. Alors, écoutez, on va faire ce qu'on a dit. »

Le maire de Québec a aussi émis des réserves quant au projet de troisième lien vers Lévis, idée défendue bec et ongles par Jean-François Gosselin. « Ça va prendre un gain net, clair et précis. Il va falloir comprendre ce que ça nous donne à Québec, a répété M. Labeaume. On va collaborer, mais il faut être sûr qu'à Québec, il y aura un gain net. »

En ajoutant l'élection d'un conseiller indépendant, Équipe Labeaume remporte donc 17 des 21 districts de Québec. Cette majorité écrasante cache toutefois mal le fait que le maire a reçu son appui le moins fort en carrière. En 2007, il avait récolté 59 % des voix, puis 79,7 % en 2009 et 74 % en 2013.

À l'issue de son mandat de quatre ans, Régis Labeaume deviendra le troisième maire de l'histoire de Québec en termes de longévité. Lucien Borne a été maire pendant 15 ans (1938-1953) et Jean-Paul L'Allier, durant 16 ans (1989-2005).