L'administration du maire de Laval Marc Demers a maintenu le silence sur des projets de construction de tours d'habitation non assujettis aux nouvelles limites de 15 étages, dénoncent ses adversaires, qui y voient une « manipulation politique ».

Dès lundi soir, les révélations du Courrier Laval selon lesquelles six demandes de permis ont été déposées à la Ville avant l'adoption des nouvelles règles limitant la hauteur des édifices (règlement de contrôle intérimaire, ou RCI) ont soulevé l'ire du candidat à la mairie Jean-Claude Gobé, du parti Action Laval. La Ville n'a pas précisé la nature des projets, la hauteur des tours et leur emplacement prévu ; il s'agirait de renseignements confidentiels à cette étape-ci.

« Il me semble très clair que Marc Demers n'avait pas l'intention que cette information soit rendue publique avant les élections », a dit M. Gobé.

Il a aussitôt réclamé un moratoire: « Marc Demers doit faire respecter ses propres règles et bloquer ces projets ! »

Le chef du Parti Laval, Michel Trottier, est également cinglant car il rappelle que son équipe a réclamé depuis juin dernier de savoir quels sont les projets immobiliers exclus des nouvelles règles. Quelques semaines plus tard, la construction d'une tour de 26 étages (Équinoxe), dont le promoteur avait déposé sa demande de permis avant le RCI, a engendré beaucoup de critiques à l'égard du maire Demers.

« C'est un manque de transparence inouï pour une administration qui se targuait de vouloir mettre fin à l'anarchie », a commenté M. Trottier. « On a voulu camoufler des projets en pleine campagne électorale. C'est de la manipulation politique », a-t-il ajouté.

Schéma attendu

Marc Demers a brigué la mairie de Laval en 2013 en dénonçant l'improvisation sous l'administration de Gilles Vaillancourt qui permettait la construction de tours d'habitation sans en limiter la hauteur. Quatre ans plus tard, la Ville a adopté un nouveau schéma d'aménagement pour discipliner le développement immobilier sur son territoire. 

Mais avant que cela soit mis en place, le maire Demers avait annoncé en 2016 que le RCI serait adopté, ce qui a été fait plusieurs mois plus tard, soit en mars dernier. C'est pendant ce délai que des promoteurs ont déposé des projets.

Au cabinet du maire, on réfute l'idée que Laval avait ainsi envoyé le signal aux promoteurs qu'il leur fallait presser le pas pour déposer leurs projets selon les règles en vigueur jusque-là. « La loi ne permet pas à la Ville de refuser un permis pour lequel la demande est faite en bonne et due forme », a insisté l'attaché de presse François Brochu.

Le dossier devait rebondir hier soir à la dernière séance du conseil municipal avant le scrutin du 5 novembre. Mais une importante manifestation des cols bleus devant l'hôtel de ville a perturbé l'assemblée, qui a été suspendue dans le désordre avant même la période de questions des citoyens. Le conseil municipal se réunira donc cet après-midi. MM. Gobé et Trottier ont dénoncé la perte de contrôle de Marc Demers qui a réagi, selon eux, sans respecter les règles de démocratie.

Photo David Boily, Archives La Presse

Jean-Claude Gobé, candidat à la mairie pour le parti Action Laval

Photo David Boily, Archives La Presse

Marc Demers a brigué la mairie de Laval en 2013 en dénonçant l'improvisation sous l'administration de Gilles Vaillancourt qui permettait la construction de tours d'habitation sans en limiter la hauteur.