Hydro-Québec presse un «fusil sur la tempe» de la station Val Saint-Côme avec des problèmes récurrents d'alimentation électrique qui gâchent le ski de soirée, a dénoncé hier le grand patron de l'entreprise de Lanaudière, excédé, en entrevue avec La Presse.

Mario Boisvert déplore que des pannes de très courte durée - mais répétées - privent les pistes d'un éclairage adéquat parce que les projecteurs de grande puissance ont chaque fois besoin d'une quinzaine de minutes pour se rallumer. Résultat: des soirées dans le noir, écourtées au point d'être parfois annulées.

L'an dernier, «j'ai remboursé au-dessus de 1000 billets de ski» pendant le temps des Fêtes, a déploré M. Boisvert, qui dit verser annuellement quelque 350 000$ à la société d'État. «On parle de quelques dizaines de milliers de dollars.»

Deux soirées ont été gâchées depuis samedi dernier, entraînant là encore des remboursements. Onze pannes - dites «clins d'oeil» - ont plongé les pistes dans le noir pour une grande partie de la soirée de lundi. Mario Boisvert craint que le scénario de l'hiver dernier ne se reproduise. «Je trouve ça aberrant», a affirmé le directeur général de la station située à 45 minutes de Joliette. «C'est très, très dangereux pour nos clients.»

Le problème survient pendant les périodes de grande consommation électrique et lorsque les canons à neige fonctionnent. Mais «ça fait depuis 1983 qu'on fait de la neige» et le problème n'est apparu que l'an dernier.

Chez Hydro-Québec, on assure chercher une solution à une situation prise «très au sérieux». «Rien d'anormal n'a été détecté sur notre réseau, mais nous poursuivrons nos analyses et nous en informerons le client», a indiqué la porte-parole Audrey Giguère. «On a posé différentes actions depuis les derniers mois pour déterminer la source du problème.»

«On comprend que les impacts pour le client sont importants», a ajouté Mme Giguère.

Coup dur pour le village

Le maire de Saint-Côme se dit profondément inquiet des problèmes que connaît «le plus gros employeur de la municipalité», qui représente en plus sa «marque de commerce».

«Économiquement, c'est très difficile, ce que vit Val Saint-Côme avec ces pannes fréquentes», a affirmé Martin Bordeleau. «Cette année, en plus, il y a les conditions météo.»

M. Bordeleau craint aussi pour les revenus des employés saisonniers: quand la station ferme plus tôt, «il y a du personnel qui est mis à pied», qui perd des revenus et qui risque aussi de ne pas pouvoir toucher d'assurance-emploi au redoux. «C'est une situation intolérable», a dénoncé l'élu local.

Même son de cloche du côté de Mario Boisvert: «Mon personnel est découragé. Il y en a qui ne veulent plus travailler le soir, qui ne veulent plus manger des bêtises. Il faut que je rembourse des clients tout le temps», a-t-il confié. «J'ai bien du monde avec ça qui n'auront peut-être pas [d'allocations de] chômage.»

Selon le directeur général de la station, ces problèmes pourraient même mettre en danger un événement international prévu dans quelques semaines: «On va avoir la Coupe du monde fin janvier. Voulez-vous qu'on dise à tout le monde qu'à cause d'Hydro-Québec, on n'est plus capables de tenir la Coupe du monde?»