La mairesse de Longueuil, une ville majoritairement francophone sur la rive-sud de Montréal, a reçu des menaces après des commentaires qu'elle a écrits en ligne au sujet d'un politicien qui insiste pour parler anglais lors du conseil municipal.

Caroline St-Hilaire a écrit sur sa page Facebook, jeudi, qu'elle avait reçu des commentaires haineux et des insultes en lien avec un message mis en ligne mardi sur l'usage du français à l'hôtel de ville de Longueuil.

Dans ce message, elle a expliqué pourquoi elle était irritée par l'insistance du chef de l'opposition, Robert Myles, à traduire en anglais tout ce qu'il dit en français.

La police enquête sur certains des quelque 800 commentaires laissés sur Facebook.

Alors que certains appuient la mairesse, d'autres l'ont intimidée, soutient-elle.

«Je dis non à l'intimidation», a-t-elle écrit jeudi sur sa page, en réaction au flot de commentaires. «Personne ne viendra ébranler mes convictions et certainement pas mon désir de contribuer à servir mes concitoyens et à protéger la langue française.»

Robert Myles est l'un des quelques conseillers de l'opposition dans la cinquième plus grande ville du Québec. Il représente Greenfield Park, une ancienne municipalité qui a le statut bilingue et une population anglophone considérable. Il fait ses remarques en français puis les traduit toujours en anglais pour les anglophones dans l'assistance ou pour ceux qui regarderaient le conseil en webdiffusion.

Personne ne s'en était jamais plaint avant le mois de mai, lorsqu'un membre du parti de Mme St-Hilaire a demandé à la présidente de se prononcer sur l'usage de l'anglais. Elle a conclu que les interventions bilingues étaient permises en vertu de la loi 101, tant qu'elles sont d'abord faites en français.

«On a beaucoup d'aînés (dans l'arrondissement de Greenfield Park) qui ont de la misère à parler en français, donc c'est très important pour moi de dire ce qui se passe dans la grande ville de Longueuil en français et en anglais, en respectant les francophones, ça c'est sûr», a expliqué en entrevue M. Myles.

«Je respecte la langue française, je respecte la loi 101 et je n'ai pas l'intention d'aller à son encontre.»

Le conseiller s'est aussi porté à la défense de la mairesse au sujet des menaces et des commentaires haineux.

«C'est toujours bien de recevoir des commentaires concrets et on verra ce qu'on peut faire après. Mais des menaces de mort, des affaires de même, je ne tolérerai pas ça, jamais, ni pour moi ni pour elle.»

M. Myles a confirmé qu'il n'avait pas l'intention de changer ses habitudes linguistiques.

Mme St-Hilaire s'est faite plus modérée jeudi, réitérant que Longueuil est légalement une ville francophone, que les citoyens sont servis équitablement et que la question de la langue n'a jamais été un enjeu.

Mais mardi, l'ancienne députée du Bloc québécois était plus dure.

«Ce qui m'irrite dans les propos du chef de l'opposition et président de l'arrondissement de Greenfield Park, c'est qu'il insiste pour donner un caractère bilingue au conseil de ville de Longueuil, a-t-elle écrit. (...) Nous sommes au Québec et les délibérations au conseil de ville DOIVENT se dérouler en français. La Ville de Longueuil n'est pas une administration bilingue, point final. Elle est française et elle le demeurera tant et aussi longtemps que je serai là pour la diriger!»

Elle a affirmé qu'il s'agissait d'une question «de bon sens et de respect», puisque 96 pour cent des résidents de la ville comprennent le français.

Message de la mairesse publié sur son compte Facebook :



«J'ai reçu des commentaires haineux et des insultes depuis la publication de mon statut mardi sur l'usage du français à l'Hôtel de Ville de Longueuil. Ces tentatives d'intimidation ne sont pas passées inaperçues et font l'objet d'une vigie constante.



Pour ma part, je réitère que la Ville de Longueuil est, depuis toujours, une ville juridiquement francophone. Je souligne aussi que tous les citoyens de Longueuil sont servis équitablement et que la question de la langue n'a jamais été un enjeu.



Tous les élus de la ville ont la responsabilité de respecter la langue française.



Je dis non à l'intimidation. Personne ne viendra ébranler mes convictions et certainement pas mon désir de contribuer à servir mes concitoyens et à protéger la langue française.



Je demande à tous d'éviter les débats haineux, irrespectueux et les menaces qui vont à l'encontre des principes fondamentaux de la démocratie.»