Le maire de Laval, Marc Demers, dénonce ce qu'il affirme être une stratégie de Gilles Vaillancourt pour tenter de se refaire une image à coup d'action bénévole. M. Demers invite même son prédécesseur accusé de gangstérisme, de fraude et de corruption à verser des millions pour aider toutes les soupes populaires de Laval.

« S'il a une once de remords, qu'il émette un chèque, à même sa fortune, au nom de la Ville de Laval, pour les millions qu'il est accusé d'avoir volés aux Lavallois. Je suis prêt à prendre l'engagement que tant et aussi longtemps que je serai en fonction, cet argent servira à financer toutes les soupes populaires du territoire de Laval », a affirmé le maire Demers.

M. Demers réagissait ainsi, hier, aux révélations de La Presse concernant Gilles Vaillancourt. Ce dernier collabore avec l'organisme Partage Saint-Maxime, de Chomedey, au moins deux fois par semaine, depuis quelques mois. M. Vaillancourt y fait la cuisine et sert des repas à la clientèle démunie fréquentant l'organisme.

Les explications de M. Vaillancourt, selon lesquelles ce serait la volonté d'« aider les gens » qui le motive, n'ont pas convaincu Marc Demers. Selon le maire, il importe de « réparer de façon proportionnelle au dommage causé ». Et jusqu'à preuve du contraire, il dit douter de la sincérité de M. Vaillancourt.

De plus, il rappelle que le choix du maire déchu de travailler bénévolement auprès d'un organisme qui soutient les pauvres « contraste avec le fait que jamais l'administration Vaillancourt n'a reconnu la présence de la pauvreté sur son territoire ».

Réactions

La Presse a joint hier l'avocate de M. Vaillancourt, Me Nadine Touma. Cette dernière a fermement soutenu qu'il n'y avait aucune stratégie concertée avec son client pour que ce dernier fasse du bénévolat. « Absolument pas », a-t-elle insisté.

Le Journal de Montréal a réagi en racontant avoir sollicité une entrevue auprès de Gilles Vaillancourt mais ne pas y avoir donné suite. M. Vaillancourt aurait posé des conditions et se serait ainsi « magasiné » une entrevue complaisante. De son côté, La Presse n'a pas reçu de demande de cette nature de la part de l'ancien maire. Il n'y a eu aucune planification ni marchandisation d'information.

Le 14 mai dernier, La Presse a abordé Gilles Vaillancourt dans un corridor du palais de justice de Laval où se déroule, depuis le 7 avril, son enquête préliminaire. La Presse détenait des informations selon lesquelles M. Vaillancourt faisait du bénévolat dans une soupe populaire. L'entretien a duré le temps d'une pause décrétée par la juge qui préside l'enquête préliminaire, soit environ trois ou quatre minutes. M. Vaillancourt a confirmé être bénévole. La preuve étalée pendant l'enquête préliminaire n'a pas été discutée, puisque tous les travaux sont frappés d'une ordonnance de non-publication. L'enquête préliminaire se poursuit aujourd'hui.

Ce n'est que mardi dernier qu'il a été possible de photographier Gilles Vaillancourt en train de brasser de la soupe au Partage Saint-Maxime. Plusieurs tentatives avaient été faites, mais La Presse n'était pas la bienvenue : la directrice de l'organisme, soeur Mariette Desrochers, voulait protéger l'identité des gens qui fréquentent la soupe populaire (une quarantaine de repas y sont servis tous les jours grâce à la générosité de donateurs, et 800 familles y sont inscrites pour obtenir de l'aide alimentaire).

Rappelons que Gilles Vaillancourt avait déjà tenté de faire du bénévolat quelques mois après avoir été arrêté et accusé, en mai 2013. En effet, il avait offert son aide à la candidate à la mairie Claire LeBel lors de la campagne de 2013. Mme LeBel, qui avait refusé le soutien de son ancien patron politique, avait enregistré son interlocuteur et avait rendu publique l'information afin de marquer ses distances.