Un commerçant lavallois estime que l'ex-administration de Gilles Vaillancourt ne s'est pas embarrassée des règles d'expropriation habituelles visant l'utilité publique, afin de permettre la construction de tours de condos, le forçant ainsi à se départir de son établissement.

C'est en 2011 que Laval contacte Normand Lacombe, qui dirige une entreprise de solariums installée sur le boulevard Saint-Elzéar. On veut élargir le boulevard, qui a des allures de route de campagne, explique-t-on du côté de la Ville.

Or, deux ans plus tôt, Laval avait prévu de réaménager le boulevard Saint-Elzéar en fonction des projets immobiliers qu'il voulait y voir se concrétiser. Dans un courriel entre fonctionnaires du service d'urbanisme que La Presse a obtenu, il est proposé d'élargir le boulevard précisément à la hauteur du commerce de M. Lacombe. «Cette situation permettrait d'atteindre les objectifs d'aménagement et de zonage en place dans ce secteur, soit d'avoir des bâtiments d'un gabarit plus volumineux que les constructions déjà en place à ces endroits», peut-on lire.

«Tout était orchestré d'avance, croit Normand Lacombe. On joue avec moi et on agit de mauvaise foi. Mon commerce ne cadrait pas avec les objectifs de développement de l'administration, ce qui n'a rien à voir avec les besoins de la municipalité. Ce sont les promoteurs immobiliers qui ont eu gain de cause», ajoute-t-il.

M. Lacombe a lancé des procédures judiciaires pour contester le droit d'expropriation de Laval. Aucune date n'a encore été fixée dans ce dossier.

Chantier suspendu

Pendant ce temps, le chantier du boulevard Saint-Elzéar, officiellement amorcé en 2012, est loin d'être terminé. Selon M. Lacombe, cette réfection est même en voie de devenir le symbole d'un certain «immobilisme à Laval».

Il s'agit d'un tronçon de un kilomètre, entre les boulevards Curé-Labelle et Chomedey, qui nécessitera quatre ans de travaux. Pour l'instant, tout est stoppé depuis des mois: Laval et Hydro-Québec s'attribuent mutuellement la responsabilité des retards accumulés. Une rencontre tenue avant Noël a toutefois permis de déterminer un calendrier des travaux.

Selon cet échéancier, le chantier ne reprendra que l'été prochain. Les travaux seront menés par Hydro-Québec. À la fin de septembre 2016, il est prévu qu'Hydro-Québec enlève les poteaux au milieu de la chaussée. Par la suite, la Ville fera l'asphaltage de la voie.

C'est l'entreprise Nordexco qui a obtenu le contrat (5,2 millions) pour exécuter les travaux de construction. Nordexco est dirigée par Dany Lapointe, dont le père, Robert Lapointe, possède Construction Arctic Beluga et est associé dans le Groupe Sopromont immobilier. C'est Sopromont qui construit l'un des projets de condos sur le boulevard Saint-Elzéar, tout juste derrière le bâtiment commercial de M. Lacombe.